• Le rideau s'est levé devant mes yeux débiles,
    La lumière s'est faite et j'ai vu ses splendeurs ;
    J'ai compris nos destins par ces ombres mobiles
    Qui se peignaient en noir sur de vives couleurs.
    Ces feux, de ta pensée étaient les lueurs pures,
    Ces ombres, du passé les magiques figures,
    J'ai tressailli de joie en voyant nos grandeurs.

    Il est donc vrai que...

  • De l'époux bien-aimé n'entends-je pas la voix ?
    Oui, pareil au chevreuil, le voici, je le vois.
    Il reparaît joyeux sur le haut des montagnes,
    Bondit sur la colline et passe les campagnes.

    O fortifiez-moi ! mêlez des fruits aux fleurs !
    Car je languis d'amour et j'ai versé des pleurs.
    J'ai cherché dans les nuits, à l'aide de la flamme,
    Celui qui fait ma...

  • I

    Qu'il est doux, qu'il est doux d'écouter des histoires,
    Des histoires du temps passé,
    Quand les branches d'arbres sont noires,
    Quand la neige est épaisse et charge un sol glacé !
    Quand seul dans un ciel pâle un peuplier s'élance,
    Quand sous le manteau blanc qui vient de le cacher
    L'immobile corbeau sur l'arbre se balance,
    Comme la girouette au...

  • I

    Les nuages couraient sur la lune enflammée
    Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
    Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
    Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
    Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
    Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
    Nous avons aperçu les grands ongles marqués
    Par les loups...

  • I

    Qu'elle était belle, ma Frégate,
    Lorsqu'elle voguait dans le vent !
    Elle avait, au soleil levant,
    Toutes les couleurs de l'agate ;
    Ses voiles luisaient le matin
    Comme des ballons de satin ;
    Sa quille mince, longue et plate,
    Portait deux bandes d'écarlate
    Sur vingt-quatre canons cachés ;
    Ses mâts, en arrière penchés,
    Paraissaient à...

  • Esprit parisien ! démon du Bas-Empire !
    Vieux sophiste épuisé qui bois, toutes les nuits,
    Comme un vin dont l'ivresse engourdit tes ennuis,
    Les gloires du matin, la meilleure et la pire;

    Froid niveleur, moulant, aussitôt qu'il expire,
    Le plâtre d'un grand homme ou bien d'un assassin,
    Leur mesurant le crâne, et, dans leur vaste sein,
    Poussant jusques au...

  • Quand, du sein de la mer profonde,
    Comme un alcyon dans son nid,
    L'Ame bretonne vint au monde
    Dans son dur berceau de granit,
    C'était un soir, un soir d'automne,
    Sous un ciel bas, cerclé de fer,
    Et sur la pauvre Ame bretonne
    Pleurait le soir, chantait la mer.

  • Une aube de douceur s'éveille sur la lande :
    Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.
    Les cloches de Ker-Is l'ont dit jusqu'en Islande
    Aux pâles " En Allés " qui ne reviendront plus.

    Noirs aussi qui vivons et qui mourons loin d'elle,
    Loin de la douce fée aux cheveux de genêt,
    Que notre cour au moins lui demeure fidèle,
    Renaissons avec elle à l'...

  • I' bruinait... L'temps était gris,
    On n'voyait pus l'ciel... L'atmosphère,
    Semblant suer au d'ssus d'Paris,
    Tombait en bué' su' la terre.

    I' soufflait quéqu'chose... on n'sait d'où,
    C'était ni du vent ni d'la bise,
    Ça glissait entre l'col et l'cou
    Et ça glaçait sous not' chemise.

    Nous marchions d'vant nous, dans l'brouillard,
    On...

  • Subdola ridebat placidi pellacia ponti.
    LUCRET.


    Sur les bords d'un fleuve limpide,
    Un pauvre pêcheur arrêté,
    Après une course rapide,
    S'était assis un soir d'été.

    En jetant sa ligne mobile
    Sur ces rivages inconnus,
    Il contemplait l'onde tranquille
    Qui venait baigner ses pieds nus.

    Une illusion insensible
    ...