• La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré.
    GILBERT.


    À mon air enjoué, mon rire sur la lèvre,
    Vous me croyez heureux, doux, azyme et sans fièvre,
    Vivant, au jour le jour, sans nulle ambition,
    Ignorant le remords, vierge d'affliction ;
    À travers les parois d'une haute poitrine,
    Voit-on le coeur qui sèche et le feu qui le mine ?
    Dans une...

  • J'habite la montagne et j'aime à la vallée.
    LE VICOMTE D'ARLINCOURT.


    Ô toi, dont j'avais fait l'emplette
    Pour danse au bois neige-noisette !
    L'as-tu toujours, ma Jeanneton,
    Ton jupon blanc, ton blanc jupon ?

    Pour quelque muscadin, matière à comédie,
    Ne va pas m'oublier dans ce coquet bazar,
    Où tu trône au comptoir. Colombine...

  • À LÉON CLOPET, architecte.

    "Voici, je m'en vais faire une chose nouvelle
    qui viendra en avant ; et les bêtes des champs,
    les dragons et les chats-huants me glorifieront."
    La Bible.


    Quand ton Petrus ou ton Pierre
    N'avait pas même une pierre
    Pour se poser, l'oeil tari,
    Un clou sur un mur avare
    Pour suspendre sa guitare, -
    ...

  • L'ETERNEL FARDEAU"

    Il est, mon frère, un meuble sombre
    Qu'en t'éveillant tu vois d'abord :
    La nuit dans ta chambre est encor, -
    Tu vois au mur la croix dans l'ombre !

    Il faut la porter tout le jour.
    Mais elle est douce, elle rayonne,
    Mais de fleurs la croix se couronne
    Pour qui la porte avec amour !

    Le Bon Dieu, de ses mains...

  • Par la brise d'automne à la forêt volée,
    Une feuille d'érable erre dans la vallée :
    Papillon fantastique aux ailes de carmin !
    Un enfant, qui folâtre au pied de la colline,
    S'élance pour saisir cette feuille divine :
    Enfin, la feuille est dans sa main.

    Ne méprisez pas, je vous prie,
    Cette feuille rouge et flétrie,
    Léger débris de la forêt :
    ...

  • Je n'ai vu ni Venise un soir à sa gondole,
    Ni Naples, ni l'Etna : pourtant, je m'en console !
    Car j'ai vu, rayonnant au soleil de midi,
    Québec, perché là-haut comme un aigle hardi.
    Je l'ai vu panaché de verglas et de brume,
    Et je l'ai vu l'été sous son plus beau costume.
    Mais je l'ai vu, surtout, le soir, quand le soleil
    Teint tous ses horizons de pourpre...

  • Enfants, le ciel, le ciel sur nos campagnes
    A déployé de bien vives couleurs.
    Sur nos lacs bleus, sur nos vertes montagnes,
    Le ciel répand ses plus riches splendeurs.
    Soit que la neige à nos bois étincelle,
    Soit que l'été rayonne sur nos bords, -
    Oh ! la patrie, oh ! la patrie est belle :
    Ô Canada, je t'aime avec transports !

    Un sang choisi, le...

  • Pour fêter le retour normal de l'âpre hiver,
    J'ai gravi, dès le jour, ma montagne rouillée.
    Le vent du nord-ouest a souffle tout hier.

    J'en voulais savourer la rafale mouillée,
    Jeux de pluie aux clartés du ravin partiel,
    Sur le treillis brumeux des branches dépouillées.

    La lumière est instable aux décors irréels
    Des vallons d'ombre...

  • " Mon lit est parfumé d'aloès et de myrrhe ;
    " L'odorant cinnamome et le nard de Palmyre
    " Ont chez moi de l'Egypte embaumé les tapis.
    " J'ai placé sur mon front et l'or et le lapis ;
    " Venez, mon bien-aimé, m'enivrer de délices
    " Jusqu'à l'heure où le jour appelle aux sacrifices :
    " Aujourd'hui que l'époux n'est plus dans la cité,
    " Au nocturne bonheur soyez...

  • "Déjà, mon jeune époux ? Quoi ! l'aube paraît-elle ?
    Non ; la lumière, au fond de l'albâtre, étincelle
    Blanche et pure, et suspend son jour mystérieux ;
    La nuit règne profonde et noire dans les cieux,
    Vois, la clepsydre encor n'a pas versé trois heures :
    Dors près de ta Néra, sous nos chastes demeures ;
    Viens, dors près de mon sein." Mais lui, furtif et lent,...