• Jeune homme irrité sur un banc d'école,
    Dont le coeur encor n'a chaud qu'au soleil,
    Vous refusez donc l'encre et la parole
    À celles qui font le foyer vermeil ?
    Savant, mais aigri par vos lassitudes,
    Un peu furieux de nos chants d'oiseaux,
    Vous nous couronnez de railleurs roseaux !
    Vous serez plus jeune après vos études :
    Quand vous sourirez,
    Vous...

  • Couchez-vous, petit Paul ! Il pleut. C'est nuit : c'est l'heure.
    Les loups sont au rempart. Le chien vient d'aboyer.
    La cloche a dit : "Dormez !" et l'ange gardien pleure,
    Quand les enfants si tard font du bruit au foyer.

    "Je ne veux pas toujours aller dormir ; et j'aime
    A faire étinceler mon sabre au feu du soir ;
    Et je tuerai les loups ! Je les tuerai moi...

  • Riant portrait, tourment de mon désir,
    Muet amour, si loin de ton modèle !
    Ombre imparfaite du plaisir,
    Tu seras pourtant plus fidèle.
    De ta gaîté je me plains aujourd'hui ;
    Mais si jamais il cesse de m'entendre,
    À toi je me plaindrai de lui,
    Et tu me paraîtras plus tendre.

    Si tu n'as pas, pour aller à mon coeur,
    Son oeil brûlant et son parler...

  • Sur la terre où sonne l'heure,
    Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

    L'orgue sous le sombre arceau,
    Le pauvre offrant sa neuvaine,
    Le prisonnier dans sa chaîne
    Et l'enfant dans son berceau ;

    Sur la terre où sonne l'heure,
    Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

    La cloche pleure le jour
    Qui va mourir sur l'église,
    Et...

  • Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire ;
    Je ne suis plus le charme de ses yeux ;
    Ma voix n'a plus l'accent qui vient des cieux,
    Pour attendrir sa jalouse colère ;
    Il ne vient plus, saisi d'un vague effroi,
    Me demander des serments ou des larmes :
    Il veille en paix, il s'endort sans alarmes :
    Malheur à moi !

    Las de bonheur, sans trembler pour ma...

  • De Thomas Moore.

    Du frais matin la brillante lumière,
    L'ardent midi, l'adieu touchant du jour,
    La nuit qui vient plus douce à ma paupière
    Pâle et sans bruit rêver avec l'amour,
    Le temps jaloux qui trompe et qui dévore,
    L'oiseau captif qui languit près de moi,
    Tout ce qui passe, et qu'à peine je voi,
    Me trouve seul... seul ! Mais vivant encore
    ...

  • Beau fantôme de l'innocence,
    Vêtu de fleurs,
    Toi qui gardes sous ta puissance
    Une âme en pleurs !

    Ô toi qui devanças nos hontes
    Et nos revers,
    Es-tu si grand que tu surmontes
    Tout l'univers !

    Le reste, comme la poussière,
    S'est envolé,
    Devant le feu de ma paupière
    Tout s'est voilé,

    Tout s'est enfui, flamme et fumée,...

  • Apologue

    Las des fleurs, épuisé de ses longues amours,
    Un papillon dans sa vieillesse
    (Il avait du printemps goûté les plus beaux jours)
    Voyait d'un oeil chagrin la tendre hardiesse
    Des amants nouveau-nés, dont le rapide essor
    Effleurait les boutons qu'humectait la rosée.
    Soulevant un matin le débile ressort
    De son aile à demi-brisée :
    ...

  • Nocturne


    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne !
    Je ne sais quel orage a passé sur ces bords.
    Des chants de l'espérance il éteint les accords,
    Et dans la nuit qui m'environne,
    Douce lune des fleurs, j'ai perdu ma couronne.

    Jette-moi tes présents, lune mystérieuse,
    De mon front qui pâlit ranime les couleurs ;
    J'ai perdu ma...

  • Comme le rossignol qui meurt de mélodie
    Souffle sur son enfant sa tendre maladie,
    Morte d'aimer, ma mère, à son regard d'adieu,
    Me raconta son âme et me souffla son Dieu.
    Triste de me quitter, cette mère charmante,
    Me léguant à regret la flamme qui tourmente,
    Jeune, à son jeune enfant tendit longtemps sa main,
    Comme pour le sauver par le même chemin.
    Et...