• Il chante encor, l'essaim railleur des fées,
    Bien protégé par l'épine et le houx
    Que le zéphyr caresse par bouffées.
    Diane aussi, l'épouvante des loups,
    Au fond des bois cache son coeur jaloux.
    Son culte vit dans plus d'une chaumière.
    Quand les taillis sont baignés de lumière,
    A l'heure calme où la lune paraît,
    Échevelée à travers la clairière,
    ...

  • Le Carnaval s'amuse!
    Viens le chanter, ma Muse,
    En suivant au hasard
    Le bon Ronsard !

    Et d'abord, sur ta nuque,
    En dépit de l'eunuque,
    Fais flotter tes cheveux
    Libres de noeuds !

    Chante ton dithyrambe
    En laissant voir ta jambe
    Et ton sein arrosé
    D'un feu rosé.

    Laisse même, ô Déesse,
    Avec ta blonde...

  • Accablé de soif, l'Amour
    Se plaignait, pâle de rage,
    A tous les bois d'alentour.
    Alors il vit, sous l'ombrage,
    Des enfants à l'oeil d'azur
    Lui présenter un lait pur
    Et les noirs raisins des treilles.
    Mais il leur dit : Laissez-moi,
    Vous qui jouez sans effroi,
    Enfants aux lèvres vermeilles !
    Petits enfants ingénus
    Qui folâtrez demi-nus,...

  • Près du ruisseau, sous la feuillée,
    Menons la Muse émerveillée
    Chanter avec le doux roseau,
    Puisque la Muse est un oiseau.

    Puisque la Muse est un oiseau,
    Gardons que quelque damoiseau
    N'apprenne ses chansons nouvelles
    Pour aller les redire aux belles.

    Un méchant aux plus fortes ailes
    Tend mille pièges infidèles.
    Gardons-la bien de...

  • Au bois de Boulogne, l'Hiver,
    La terre a son manteau de neige.
    Mille Iris, qui tendent leur piège,
    Y passent comme un vif éclair.

    Toutes, sous le ciel gris et clair,
    Nous chantent le même solfège ;
    Au bois de Boulogne, l'Hiver,
    La terre a son manteau de neige.

    Toutes les blancheurs de la chair
    Y passent, radieux cortège ;
    Les...

  • Mourir de la poitrine
    Quand j'ai ces bras de lys,
    La lèvre purpurine,
    Les cheveux de maïs
    Et cette gorge rose,
    Ah ! la vilaine chose !
    Quel poëte morose
    Est donc ce Dumas fils !

    Je fus, pauvre colombe,
    Triste, blessée au flanc ;
    Déjà le soir qui tombe
    Glace mon jeune sang,
    Et, j'en ai fait le pacte,
    Il faut qu'en femme...

  • Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante ;
    Elle sourit et se lamente,
    Et vous fuit et vous importune.

    La nuit, suivez-la sur la dune,
    Elle vous raille et vous tourmente ;
    Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante.

    Et souvent elle se met une
    Nuée en manière de mante ;
    Elle est absurde, elle est charmante...

  • Bien souvent je revois sous mes paupières closes,
    La nuit, mon vieux Moulins bâti de briques roses,
    Les cours tout embaumés par la fleur du tilleul,
    Ce vieux pont de granit bâti par mon aïeul,
    Nos fontaines, les champs, les bois, les chères tombes,
    Le ciel de mon enfance où volent des colombes,
    Les larges tapis d'herbe où l'on m'a promené
    Tout petit, la...

  • Puisque la Némésis, cette vieille portière,
    Court en poste et regarde à travers la portière
    Des arbres fabuleux faits comme ceux de Cham,
    Laissons Chandernagor, Pékin, Bagdad ou Siam
    Posséder ses appas, vieux comme sainte Thècle,
    Et désabonnons-nous le plus possible au Siècle.
    Ne pleure pas, public qui lis encor des vers.
    Je ne te dirai pas : Les raisins sont...

  • Il semble qu'aux sultans Dieu même
    Pour femmes donne ses houris.
    Mais, pour moi, la vierge qui m'aime,
    La vierge dont je suis épris,

    Les sultanes troublent le monde
    Pour accomplir un de leurs voeux.
    La vierge qui m'aime est plus blonde
    Que les sables sous les flots bleus.

    Le duvet où leur front sommeille
    Au poids de l'or s'amoncela....