• Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés.
    Les Amours des bassins, les Naïades en groupe
    Voient reluire au soleil en cristaux découpés
    Les flots silencieux qui coulaient de leur coupe.
    Les lauriers sont coupés, et le cerf aux abois
    Tressaille au son du cor; nous n'irons plus au bois,
    Où des enfants charmants riait la folle troupe
    Sous les regards...

  • Ses yeux sont transparents comme l'eau du Jourdain.
    Elle a de lourds colliers et des pendants d'oreilles ;
    Elle est plus douce à voir que le raisin des treilles,
    Et la rose des bois a peur de son dédain.

    Elle rit et folâtre avec un air badin,
    Laissant de sa jeunesse éclater les merveilles.
    Sa lèvre est écarlate, et ses dents sont pareilles
    Pour la...

  • L'eau, dans les grands lacs bleus
    Endormie,
    Est le miroir des cieux :
    Mais j'aime mieux les yeux
    De ma mie.

    Pour que l'ombre parfois
    Nous sourie,
    Un oiseau chante au bois :
    Mais j'aime mieux la voix
    De ma mie.

    La rosée, à la fleur
    Défleurie
    Rend sa vive couleur :
    Mais j'aime mieux un pleur
    De ma mie.

    ...

  • A Henri d'Ideville.


    Le torrent que baise l'éclair
    Sous les bois qui lui font des voiles,
    Murmure, ivre d'un rhythme clair,
    Et boit les lueurs des étoiles.

    Il roule en caressant son lit
    Où se mirent les météores,
    Et, plein de fraîcheur, il polit
    Des cailloux sous ses flots sonores.

    Tel, je polissais, cher Henri,
    Des vers...

  • Sculpteur, cherche avec soin, en attendant l'extase,
    Un marbre sans défaut pour en faire un beau vase ;
    Cherche longtemps sa forme et n'y retrace pas
    D'amours mystérieux ni de divins combats.
    Pas d'Héraklès vainqueur du monstre de Némée,
    Ni de Cypris naissant sur la mer embaumée ;
    Pas de Titans vaincus dans leurs rébellions,
    Ni de riant Bacchus attelant les...

  • Clown admirable, en vérité !
    Je crois que la postérité,
    Dont sans cesse l'horizon bouge,
    Le reverra, sa plaie au flanc.
    Il était barbouillé de blanc,
    De jaune, de vert et de rouge.

    Même jusqu'à Madagascar
    Son nom était parvenu, car
    C'était selon tous les principes
    Qu'après les cercles de papier,
    Sans jamais les estropier
    Il...

  • A Caroline Letessier

    I

    Au temps des pastels de Latour,
    Quand l'enfant-dieu régnait au monde
    Par la grâce de Pompadour,
    Au temps des beautés sans seconde ;

    Au temps féerique où, sans mouchoir,
    Sur les lys que Lancret dessine
    Le collier de taffetas noir
    Lutte avec la mouche assassine ;

    Au temps où la Nymphe du vin...

  • Il est de par le monde une cité bizarre,
    Où Plutus en gants blancs, drapé dans son manteau,
    Offre une cigarette à son ami Lazare,
    Et l'emmène souper dans un parc de Wateau.

    Les centaures fougueux y portent des badines;
    Et les dragons, au lieu de garder leur trésor,
    S'en vont sur le minuit, avec des baladines,
    Faire un maigre dîner dans une maison...

  • Bonsoir, chère Évohé. Comment vous portez-vous ?
    Vous arrivez bien tard ! Comme vos yeux sont doux
    Ce soir ! deux lacs du ciel ! et la robe est divine.
    Quel écrin ! vous aimez Diaz, on le devine.
    Vos poignets amincis sortent comme des fleurs
    De cette mousseline aux replis querelleurs ;
    Ce col simple est charmant, ce chapeau de peluche
    Blanche, ce tour...

  • Entre les plis de votre robe close
    On entrevoit le contour d'un sein rose,
    Des bras hardis, un beau corps potelé,
    Suave, et dans la neige modelé,
    Mais dont, hélas ! un avare dispose.

    Un vieux sceptique à la bile morose
    Médit de vous et blasphème, et suppose
    Qu'à la nature un peu d'art s'est mêlé
    Entre les plis.

    Moi, qu'éblouit votre...