• Le loup criait sous les feuilles
    En crachant les belles plumes
    De son repas de volailles :
    Comme lui je me consume.

    Les salades, les fruits
    N'attendent que la cueillette ;
    Mais l'araignée de la haie
    Ne mange que des violettes.

    Que je dorme ! que je bouille
    Aux autels de Salomon.
    Le bouillon court sur la rouille,
    Et se mêle au...

  • Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes,
    Implore l'essaim blanc des rêves indistincts,
    Il vient près de son lit deux grandes soeurs charmantes
    Avec de frêles doigts aux ongles argentins.

    Elles assoient l'enfant auprès d'une croisée
    Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs,
    Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée
    ...

  • Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
    Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
    Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
    Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

    Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
    Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
    Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
    Par la Nature, - heureux comme avec...

  • Plates-bandes d'amarantes jusqu'à
    L'agréable palais de Jupiter.
    - Je sais que c'est Toi qui, dans ces lieux,
    Mêles ton bleu presque de Sahara !

    Puis, comme rose et sapin du soleil
    Et liane ont ici leurs jeux enclos,
    Cage de la petite veuve !...
    Quelles
    Troupes d'oiseaux, ô ia io, ia io !...

    - Calmes maisons, anciennes passions !
    ...

  • Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
    Dans la feuillée incertaine et fleurie
    De fleurs splendides où le baiser dort,
    Vif et crevant l'exquise broderie,

    Un faune effaré montre ses deux yeux
    Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.
    Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,
    Sa lèvre éclate en rires sous les branches.

    Et quand il a...

  • Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
    Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
    Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
    Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;

    Ils ont greffé dans des amours épileptiques
    Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
    De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
    S'...

  • I

    Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
    La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
    Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
    - On entend dans les bois lointains des hallalis.

    Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
    Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
    Voici plus de mille ans que sa douce folie
    Murmure...

  • Parqués entre des bancs de chêne, aux coins d'église
    Qu'attiédit puamment leur souffle, tous leurs yeux
    Vers le choeur ruisselant d'orrie et la maîtrise
    Aux vingt gueules gueulant les cantiques pieux ;

    Comme un parfum de pain humant l'odeur de cire,
    Heureux, humiliés comme des chiens battus,
    Les Pauvres au bon Dieu, le patron et le sire,
    Tendent leurs...

  • Le mouvement de lacet sur la berge des chutes du fleuve,
    Le gouffre à l'étambot,
    La célérité de la rampe,
    L'énorme passade du courant,
    Mènent par les lumières inouïes
    Et la nouveauté chimique
    Les voyageurs entourés des trombes du val
    Et du strom.

    Ce sont les conquérants du monde
    Cherchant la fortune chimique personnelle ;
    Le sport et le...

  • I

    L'eau claire ; comme le sel des larmes d'enfance,
    L'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ;
    la soie, en foule et de lys pur, des oriflammes
    sous les murs dont quelque pucelle eut la défense ;

    l'ébat des anges ; - Non... le courant d'or en marche,
    meut ses bras, noirs, et lourds, et frais surtout, d'herbe. Elle
    sombre, ayant le...