• Oisive jeunesse
    A tout asservie,
    Par délicatesse
    J'ai perdu ma vie.
    Ah ! Que le temps vienne
    Où les coeurs s'éprennent.

    Je me suis dit : laisse,
    Et qu'on ne te voie :
    Et sans la promesse
    De plus hautes joies.
    Que rien ne t'arrête,
    Auguste retraite.

    J'ai tant fait patience
    Qu'à jamais j'oublie ;
    Craintes et...

  • I

    La chambre est pleine d'ombre ; on entend vaguement
    De deux enfants le triste et doux chuchotement.
    Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
    Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...
    - Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;
    Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ;
    Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
    ...

  • Noirs dans la neige et dans la brume,
    Au grand soupirail qui s'allume,
    Leurs culs en rond,

    A genoux, cinq petits, - misère ! -
    Regardent le Boulanger faire
    Le lourd pain blond.

    Ils voient le fort bras blanc qui tourne
    La pâte grise et qui l'enfourne
    Dans un trou clair.

    Ils écoutent le bon pain cuire.
    Le Boulanger au gras...

  • J'ai embrassé l'aube d'été.

    Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombres ne quittaient pas la route
    du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes
    se levèrent sans bruit.

    La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur...

  • remportée aux cris de Vive l'Empereur !


    Au milieu, l'Empereur, dans une apothéose
    Bleue et jaune, s'en va, raide, sur son dada
    Flamboyant ; très heureux, - car il voit tout en rose,
    Féroce comme Zeus et doux comme un papa ;

    En bas, les bons Pioupious qui faisaient la sieste
    Près des tambours dorés et des rouges canons,
    Se lèvent gentiment....

  • Ô lâches, la voilà ! Dégorgez dans les gares !
    Le soleil essuya de ses poumons ardents
    Les boulevards qu'un soir comblèrent les Barbares.
    Voilà la Cité sainte, assise à l'occident !

    Allez ! on préviendra les reflux d'incendie,
    Voilà les quais, voilà les boulevards, voilà
    Les maisons sur l'azur léger qui s'irradie
    Et qu'un soir la rougeur des bombes...

  • Le Juste restait droit sur ses hanches solides :
    Un rayon lui dorait l'épaule ; des sueurs
    Me prirent : " Tu veux voir rutiler les bolides ?
    Et, debout, écouter bourdonner les flueurs
    D'astres lactés, et les essaims d'astéroïdes ?

    " Par des farces de nuit ton front est épié,
    Ô juste ! Il faut gagner un toit. Dis ta prière,
    La bouche dans ton drap...

  • Le jeune homme dont l'oeil est brillant, la peau brune,
    Le beau corps de vingt ans qui devrait aller nu,
    Et qu'eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune
    Adoré, dans la Perse, un Génie inconnu,

    Impétueux avec des douceurs virginales
    Et noires, fier de ses premiers entêtements,
    Pareil aux jeunes mers, pleurs de nuits estivales,
    Qui se retournent sur...

  • C'est un trou de verdure où chante une rivière,
    Accrochant follement aux herbes des haillons
    D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
    Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

    Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
    Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
    Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
    Pâle dans son lit vert où...

  • Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,
    Verse l'amour brûlant à la terre ravie,
    Et, quand on est couché sur la vallée, on sent
    Que la terre est nubile et déborde de sang ;
    Que son immense sein, soulevé par une âme,
    Est d'amour comme Dieu, de chair comme la femme,
    Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons,
    Le grand fourmillement de tous les...