• (extrait)

    ... Et sais-tu que toi-même aussi, nocturne reine,
    Tu cesseras un jour de briller dans les cieux ?
    Tu mourras comme doit mourir la race humaine,
    Et l'ombre habitera les airs silencieux.

    De toutes tes splendeurs, de tes beautés divines,
    De ce rayonnement qui remplissait les airs,
    Il ne restera rien qu'un chaos de ruines
    Traversant...

  • Banni de ses foyers, sur la rive étrangère,
    Il gémissait captif au sein de la douleur ;
    Une larme parfois humectait sa paupière
    Quand, en doux souvenir de sa pauvre chaumière,
    L'espoir se mêlait par son prestige enchanteur.

    Comme l'on voit le lis à la teinte argentine
    Dans l'ombre de la nuit se faner et mourir,
    Ou le saule de deuil dont la branche s'...

  • A quoi pense la jeune fille,
    Celle qui rit, chante et s'habille,
    En se regardant au miroir ;
    Qui, posant les mains sur ses hanches,
    Dit : Oh ! mes dents sont bien plus blanches
    Que le lin de mon blanc peignoir ?

    Elle se promet, folle reine,
    De régner fière et souveraine,
    Au milieu des parfums du bal ;
    Elle compose son sourire,
    Afin que d'...

  • Il est dit qu'une fois, sur les arides plaines
    Qui s'étendent là-bas dans les vieilles forêts,
    L'esprit des noirs brouillards qui couvrent ces domaines
    Dormit à l'ombre d'un cyprès.

    Mais il n'était pas seul : l'air pensif, en cadence,
    Pressés autour de lui, des hommes s'agitaient ;
    Un chant rompit bientôt leur lugubre silence :
    Voici quel chant ils...

  • Douce brise du soir, haleine parfumée,
    Qu'exhale, en expirant, le vaste sein du jour,
    Ah ! puisses-tu bientôt, sur la couche embaumée
    Où Dayelle s'agite, (oh ! je l'ai tant aimée !)
    Porter à son oreille un mot de mon amour !

    Allah ! je n'ai plus rien qu'un chétif dromadaire !
    Un fakir, l'autre jour, m'a ravi mon caftan !
    Une Circassienne, achetée au...

  • RABELAIS :

    C'est Carême-Prenant, que l'orgueil mortifie :
    Son peuple, ichtyophage, efflanqué, vaporeux,
    A l'oreille qui tinte et l'esprit rêve-creux.
    Envisage non loin ces zélés Papimanes,
    Qui, sur l'amour divin, sont plus forts que des ânes,
    Et qui, béats fervents, engraissés de tous biens,
    Rôtissent mainte andouille et maints luthériens.
    ...

  • Les perdus, les absents, les morts que fait la vie,
    Ces fantômes d'un jour si longuement pleurés,
    Reparaissent en rêve avec leur voix amie,
    Le piège étincelant des regards adorés.

    Les amours prisonniers prennent tous leur volée,
    La nuit tient la revanche éclatante du jour.
    L'aveu brûle la lèvre un moment descellée.
    Après le dur réel, l'idéal a son...

  • Écris-moi, mon ami, si devant ta faucille
    Le seigle mûr de couleuvres fourmille ;
    Dis-moi, brave Berthel, si les chiens altérés
    Errent par bande aux montagnes d'Arréz.

    Hélas ! durant ce mois d'ardente canicule,
    Tout fermente ; et partout un noir venin circule.
    Pour charmer les serpents tu m'as dit tes chansons
    Quand, dressés sur la queue, ils...

  • Ô mes frères, voici le beau temps des vacances !
    Le mois d'août, appelé par dix mois d'espérances !
    De bien loin votre aîné ; je ne puis oublier
    Août et ses jeux riants ; alors, pauvre écolier,
    Je veux voir mon pays, notre petit domaine ;
    Et toujours le mois d'août au logis nous ramène,
    Tant un coeur qui nourrit un regret insensé,
    Un coeur tendre s'abuse et...

  • Je crois l'entendre encor, quand, sa main, sur mon bras,
    Autour des verts remparts nous allions pas à pas :
    " Oui, quand tu pars, mon fils, oui, c'est un vide immense,
    Un morne et froid désert, où la nuit recommence ;
    Ma fidèle maison, le jardin, mes amours,
    Tout cela n'est plus rien ; et j'en ai pour huit jours,
    J'en ai pour tous ces mois d'octobre et de...