• Dans maint pays, la voix du peuple entonne
    L'hymne national pour fêter la couronne,
    Ou la révolte, ou le sinistre airain
    Qui gronde et tue en la sanglante plaine.
    Plus poétique est notre gai refrain :
    Vive la Canadienne !
    Nous préférons chanter sur des rythmes joyeux,
    Parmi tant de bonheurs que le sort nous enlève,
    Le charme délicat et troublant des...

  • Ambitieux poussés par une même faim,
    Urbain au geste digne, et voyou de la rue,
    Racaille, paysan qui laisse sa charrue,
    Ils vont dans l'ignoré défier le destin.

    Sous un ciel sans soleil poursuivant son chemin,
    Au milieu de la plaine inquiétante et nue,
    C'est peut-être à la mort que court cette cohue
    Ruée aveuglément à son espoir lointain...
    ...

  • I

    Nous nous étions connus tout petits à l'école.
    Comme son père était de mon père voisin,
    Nous partions tous les deux sac au dos le matin
    Nos têtes s'encadraient d'une même auréole.

    Dans la rose candeur du sourire enfantin,
    Nous étions bons amis. Quand les flots du Pactole
    Roulaient chez l'un de nous, par hasard, une obole,
    Nous divisions...

  • Dans la splendeur des cieux un astre vient de naître,
    Sur ses langes d'azur j'ai cru le reconnaître ;
    Vers lui mon espérance a dirigé son vol.
    La Terre ! Ah ! je la vois ! La Terre ! c'est bien elle !
    A son souffle embrasé je sens frémir mon aile,
    Et j'entends, sous mes pieds, mugir son vaste sol.

    Une sueur de feu pend à sa croupe nue ;
    Les...

  • ... Le soir descend. Sur la neige des frissons roses
    Courent, qui la font palpiter comme une chair ;
    Et les toits des chalets, par leurs trappes mi-closes,
    Laissent un filet bleu monter dans le ciel clair. [...]

  • A quoi bon prolonger la lutte et la révolte ?
    Transmettre, sans scrupule, à d'autres combattants
    Un mot d'ordre menteur qui mène aux guet-apens ?
    Les laboureurs sont las de semer sans récolte.
    Ce monde peut mourir ! je suis prêt et j'attends...

    J'attends, j'attends encore... Ah ! suprême ironie !
    Le rêve du néant, même, est un faux espoir !
    Car...

  • L'esprit calme des dieux habite dans les plantes.
    Heureux est le grand arbre aux feuillages épais ;
    Dans son corps large et sain la sève coule en paix,
    Mais le sang se consume en nos veines brûlantes.

    A la croupe du mont tu sièges comme un roi ;
    Sur ce trône abrité, je t'aime et je t'envie ;
    Je voudrais échanger ton être avec ma vie,
    Et me dresser...

  • Il est des sources d'eau si bleue et si limpide,
    Que rien n'en peut ternir la transparence humide ;
    Que sur un noir limon leurs ondes de cristal
    Roulent sans altérer l'azur du flot natal ;
    Qu'à travers les débris qui sur leurs bords s'amassent,
    Elles savent choisir les fleurs lorsqu'elles passent,
    Et que, vierges encor de toute impureté,
    L'Océan les...

  • Choeur des Alpes

    Vois ces vierges, là-haut, plus blanches que les cygnes,
    Assises dans l'azur sur les gradins des cieux !
    Viens ! nous invitons l'âme à des fêtes insignes,
    Nous, les Alpes, veillant entre l'homme et les dieux.

    Des amants indiscrets l'abîme nous protège ;
    Notre front n'a rougi qu'aux baisers du soleil,
    Et les rosiers du soir sur...

  • I

    Quand l'homme te frappa de sa lâche cognée,
    Ô roi qu'hier le mont portait avec orgueil,
    Mon âme, au premier coup, retentit indignée,
    Et dans la forêt sainte il se fit un grand deuil.

    Un murmure éclata sous ses ombres paisibles ;
    J'entendis des sanglots et des bruits menaçants ;
    Je vis errer des bois les hôtes invisibles,
    Pour te...