• Non... Mon coeur te sent là, Petite,
    Qui dors pour me laisser plus vite
    Passer ma nuit, si longue encor,
    Sur le pavé comme un rat mort...

    - Dors. La berceuse litanie
    Sérénade jamais finie
    Sur Ta lèvre reste poser
    Comme une haleine de baiser :

    - " Nénuphar du ciel ! Blanche Etoile !
    " Tour ivoirine ! Nef sans voile !
    " Vesper, amoris...

  • Sables de vieux os - Le flot râle
    Des glas : crevant bruit sur bruit ...
    - Palud pâle, où la lune avale
    De gros vers, pour passer la nuit.

    - Calme de peste, où la fièvre
    Cuit ... Le follet damné languit.
    - Herbe puante où le lièvre
    Est un sorcier poltron qui fuit ...

    - La Lavandière blanche étale
    Des trépassés le linge sale,
    Au...

  • La dent de ton Erard, râtelier osanore,

    Et scie et broie à cru, sous son tic-tac nerveux,

    La gamme de tes dents, autre clavier sonore...

    Touches qui ne vont pas aux cordes des cheveux !



    - Cauchemar de meunier, ta : Rêverie agile !

    - Grattage, ton : Premier amour à quatre mains !

    O femme transposée en Morceau...

  • C'est la mer : - calme plat - et la grande marée,
    Avec un grondement lointain, s'est retirée.
    Le flot va revenir, se roulant dans son bruit.
    Entendez-vous gratter les crabes de la nuit ?

    C'est le Styx asséché : le chiffonnier Diogène,
    La lanterne à la main, s'en vient errer sans gêne.
    Le long du ruisseau noir, les poètes pervers
    Pêchent : leur crâne...

  • Tu ne me veux pas en rêve,
    Tu m'auras en cauchemar !
    T'écorchant au vif, sans trêve,
    - Pour moi.., pour l'amour de l'art.

    - Ouvre : je passerai vite,
    Les nuits sont courtes, l'été...
    Mais ma musique est maudite,
    Maudite en l'éternité !

    J'assourdirai les recluses,
    Ereintant à coups de pieux,
    Les Neuf et les autres Muses...
    Et...

  • Comme il était bien, Lui, ce Jeune plein de sève !
    Apre à la vie O Gué !... et si doux en son rêve.
    Comme il portait sa tête ou la couchait gaîment !
    Hume-vent à l'amour !... qu'il passait tristement.

    Oh comme il était Rien ! ... - Aujourd'hui, sans rancune
    Il a vu lui sourire, au retour, la Fortune,
    Lui ne sourira plus que d'autrefois ; il sait
    ...

  • Vois aux cieux le grand rond de cuivre rouge luire,
    Immense casserole où le Bon Dieu fait cuire
    La manne, l'arlequin, l'éternel plat du jour.
    C'est trempé de sueur et c'est poivré d'amour.

    Les Laridons en cercle attendent près du four,
    On entend vaguement la chair rance bruire,
    Et les soiffards aussi sont là, tendant leur buire ;
    Le marmiteux...

  • Quand l'oxyde aura mis sur les plombs du vantail
    La morsure affamée, et quand le froid des givres,
    Sous sa flore enroulée aux méandres des guivres
    Aura fait éclater les feuilles du vitrail.

    Quand les blés jauniront les îles du corail,
    Quand les émaux figés sur le galbe des cuivres
    Auront été brisés par des lansquenets ivres,
    Quand la lime des temps...

  • Ainsi qu'une jeune beauté
    Silencieuse et solitaire,
    Des flancs du nuage argenté
    La lune sort avec mystère.
    Fille aimable du ciel, à pas lents et sans bruit,
    Tu glisses dans les airs où brille ta couronne,
    Et ton passage s'environne
    Du cortège pompeux des soleils de la nuit.
    Que fais-tu loin de nous, quand l'aube blanchissante
    Efface à nos...

  • Roi du monde et du jour, guerrier aux cheveux d'or,
    Quelle main, te couvrant d'une armure enflammée,
    Abandonna l'espace à ton rapide essor,
    Et traça dans l'azur ta route accoutumée ?
    Nul astre à tes côtés ne lève un front rival ;
    Les filles de la nuit à ton éclat pâlissent ;
    La lune devant toi fuit d'un pas inégal,
    Et ses rayons douteux dans les flots...