• (extraits, 9ème époque)

    ... Déjà, tout près de moi, j'entendais par moments
    Monter des pas, des voix et des mugissements :
    C'était le paysan de la haute chaumine
    Qui venait labourer son morceau de colline,
    Avec son soc plaintif traîné par ses boeufs blancs,
    Et son mulet portant sa femme et ses enfants. ...

    Laissant souffler ses boeufs, le jeune...

  • En vain le jour succède au jour,
    Ils glissent sans laisser de trace ;
    Dans mon âme rien ne t'efface,
    Ô dernier songe de l'amour !

    Je vois mes rapides années
    S'accumuler derrière moi,
    Comme le chêne autour de soi
    Voit tomber ses feuilles fanées.

    Mon front est blanchi par le temps ;
    Mon sang refroidi coule à peine,
    Semblable à cette...

  • Efface ce séjour, ô Dieu ! de ma paupière,
    Ou rends-le-moi semblable à celui d'autrefois,
    Quand la maison vibrait comme un grand coeur de pierre
    De tous ces coeurs joyeux qui battaient sous ses toits !

    A l'heure où la rosée au soleil s'évapore,
    Tous ces volets fermés s'ouvraient à sa chaleur,
    Pour y laisser entrer, avec la tiède aurore,
    Les nocturnes...

  • (A M. de Bonald)

    Ainsi, quand parmi les tempêtes,
    Au sommet brûlant du Sina,
    Jadis le plus grand des prophètes
    Gravait les tables de Juda;
    Pendant cet entretien sublime,
    Un nuage couvrait la cime
    Du mont inaccessible aux yeux,
    Et, tremblant aux coups du tonnerre,
    Juda, couché dans la poussière,
    Vit ses lois descendre des cieux.
    ...

  • Pourquoi vous troublez-vous, enfants de l'Evangile ?
    À quoi sert dans les cieux ton tonnerre inutile,
    Disent-ils au Seigneur, quand ton Christ insulté,
    Comme au jour où sa mort fit trembler les collines,
    Un roseau dans les mains et le front ceint d'épines,
    Au siècle est présenté ?

    Ainsi qu'un astre éteint sur un horizon vide,
    La foi, de nos aïeux la...

  • Le soleil de nos jours pâlit dès son aurore,
    Sur nos fronts languissants à peine il jette encore
    Quelques rayons tremblants qui combattent la nuit ;
    L'ombre croit, le jour meurt, tout s'efface et tout fuit !
    Qu'un autre à cet aspect frissonne et s'attendrisse,
    Qu'il recule en tremblant des bords du précipice,
    Qu'il ne puisse de loin entendre sans frémir
    Le...

  • Non, sous quelque drapeau que le barde se range,
    La muse sert sa gloire et non ses passions !
    Non, je n'ai pas coupé les ailes de cet ange
    Pour l'atteler hurlant au char des factions !
    Non, je n'ai point couvert du masque populaire
    Son front resplendissant des feux du saint parvis,
    Ni pour fouetter et mordre, irritant sa colère,
    Changé ma muse en Némésis !...

  • Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
    Dans son brillant exil mon coeur en a frémi ;
    Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
    Comme les pas connus ou la voix d'un ami.

    Montagnes que voilait le brouillard de l'automne,
    Vallons que tapissait le givre du matin,
    Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
    Vieilles tours que le soir dorait dans le...

  • Il est un nom caché dans l'ombre de mon âme,
    Que j'y lis nuit et jour et qu'aucun oeil n'y voit,
    Comme un anneau perdu que la main d'une femme
    Dans l'abîme des mers laissa glisser du doigt.

    Dans l'arche de mon coeur, qui pour lui seul s'entrouvre,
    Il dort enseveli sous une clef d'airain ;
    De mystère et de peur mon amour le recouvre,
    Comme après...

  • A M. A. de V***.

    Arrêtons-nous sur la colline
    A l'heure où, partageant les jours,
    L'astre du matin qui décline
    Semble précipiter son cours!
    En avançant dans sa carrière,
    Plus faible il rejette en arrière
    L'ombre terrestre qui le suit,
    Et de l'horizon qu'il colore
    Une moitié le voit encore,
    L'autre se plonge dans la nuit!

    C'est...