• N'es-tu plus le Dieu des armées ?
    N'es-tu plus le Dieu des combats ?
    Ils périssent, Seigneur, si tu ne réponds pas !
    L'ombre du cimeterre est déjà sur leurs pas !
    Aux livides lueurs des cités enflammées,
    Vois-tu ces bandes désarmées,
    Ces enfants, ces vieillards, ces vierges alarmées ?
    Ils flottent au hasard de l'outrage au trépas,
    Ils regardent la mer,...

  • L'âme triste est pareille
    Au doux ciel de la nuit,
    Quand l'astre qui sommeille
    De la voûte vermeille
    A fait tomber le bruit ;

    Plus pure et plus sonore,
    On y voit sur ses pas
    Mille étoiles éclore,
    Qu'à l'éclatante aurore
    On n'y soupçonnait pas !

    Des îles de lumière
    Plus brillante qu'ici,
    Et des mondes derrière,...

  • Sinaï! Sinaï ! quelle nuit sur ta cime !
    Quels éclairs, sur tes flancs, éblouissent les yeux !
    Les noires vapeurs de l'abîme
    Roulent en plis sanglants leurs vagues dans tes cieux !
    La nue enflammée
    Où ton front se perd
    Vomit la fumée
    Comme un chaume verd;
    Le ciel d'où s'échappe
    Eclair sur éclair,
    Et pareil au fer
    Que le marteau frappe,...

  • Toi qui du jour mourant consoles la nature,
    Parais, flambeau des nuits, lève-toi dans les cieux;
    Etends autour de moi, sur la pâle verdure,
    Les douteuses clartés d'un jour mystérieux!
    Tous les infortunés chérissent ta lumière;
    L'éclat brillant du jour repousse leurs douleurs :
    Aux regards du soleil ils ferment leur paupière,
    Et rouvrent devant toi leurs yeux...

  • Oui, l'Anio murmure encore
    Le doux nom de Cynthie aux rochers de Tibur,
    Vaucluse a retenu le nom chéri de Laure,
    Et Ferrare au siècle futur
    Murmurera toujours celui d'Eléonore !
    Heureuse la beauté que le poète adore !
    Heureux le nom qu'il a chanté !
    Toi, qu'en secret son culte honore,
    Tu peux, tu peux mourir ! dans la postérité
    Il lègue à ce qu'il...

  • Comme l'astre adouci de l'antique Elysée,
    Sur les murs dentelés du sacré Colysée,
    L'astre des nuits, perçant des nuages épars,
    Laisse dormir en paix ses longs et doux regards,
    Le rayon qui blanchit ses vastes flancs de pierre,
    En glissant à travers les pans fIottants du lierre,
    Dessine dans l'enceinte un lumineux sentier ;
    On dirait le tombeau d'un peuple...

  • Le feu divin qui nous consume

    Ressemble à ces feux indiscrets

    Qu'un pasteur imprudent allume

    Aux bord de profondes forêts;

    Tant qu'aucun souffle ne l'éveille,

    L'humble foyer couve et sommeille ;

    ais s'il respire l'aquilon,

    Tout à coup la flamme engourdie

    S'enfle, déborde; et l'incendie

    ...

  • Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
    Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
    Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
    Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

    Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
    Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
    Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
    Où l'étoile du soir...

  • ... Voilà le banc rustique où s'asseyait mon père,
    La salle où résonnait sa voix mâle et sévère,
    Quand les pasteurs assis sur leurs socs renversés
    Lui comptaient les sillons par chaque heure tracés,
    Ou qu'encor palpitant des scènes de sa gloire,
    De l'échafaud des rois il nous disait l'histoire,
    Et, plein du grand combat qu'il avait combattu,
    En...

  • (extrait)

    Aigles qui passez sur nos têtes,
    Allez dire aux vents déchaînés
    Que nous défions leurs tempêtes
    Avec nos mâts enracinés.
    Qu'ils montent, ces tyrans de l'onde,
    Que leur aile s'ameute et gronde
    Pour assaillir nos bras nerveux !
    Allons ! leurs plus fougueux vertiges
    Ne feront que bercer nos tiges
    Et que siffler dans nos cheveux !...