• Vous aviez mon coeur,
    Moi, j'avais le vôtre :
    Un coeur pour un coeur ;
    Bonheur pour bonheur !

    Le vôtre est rendu,
    Je n'en ai plus d'autre,
    Le vôtre est rendu,
    Le mien est perdu !

    La feuille et la fleur
    Et le fruit lui-même,
    La feuille et la fleur,
    L'encens, la couleur :

    Qu'en avez-vous fait,
    Mon maître suprême...

  • Savez-vous pourquoi, madame,
    Je refusais de vous voir ?
    J'aime ! Et je sens qu'une femme
    Des femmes craint le pouvoir.
    Le vôtre est tout dans vos charmes,
    Qu'il faut, par force, adorer.
    L'inquiétude a des larmes :
    Je ne voulais pas pleurer.

    Quelque part que je me trouve,
    Mon seul ami va venir ;
    Je vis de ce qu'il éprouve,
    J'en fais...

  • Si j'étais la plus belle
    Comme la plus fidèle,
    Je le serais pour toi !
    Si j'étais souveraine,
    Le roi de cette reine,
    Tu le serais par moi !

    S'il te prenait l'envie
    De demander ma vie
    Pour te faire un beau jour,
    Cette vie ignorée,
    À l'amour consacrée,
    Tu l'aurais, mon amour !

    Et si tu disais : " Donne
    Beauté, vie et...

  • Quand je ne te vois pas, le temps m'accable, et l'heure
    A je ne sais quel poids impossible à porter :
    Je sens languir mon coeur, qui cherche à me quitter ;
    Et ma tête se penche, et je souffre et je pleure.

    Quand ta voix saisissante atteint mon souvenir,
    Je tressaille, j'écoute... et j'espère immobile ;
    Et l'on dirait que Dieu touche un roseau débile ;
    ...

  • Dieu ! créez à sa vie un objet plein de charmes,
    Une voix qui réponde aux secrets de sa voix !
    Donnez-lui du bonheur, Dieu ! donnez-lui des larmes ;
    Du bonheur de le voir j'ai pleuré tant de fois !

    J'ai pleuré, mais ma voix se tait devant la sienne ;
    Mais tout ce qu'il m'apprend, lui seul l'ignorera ;
    Il ne dira jamais : "Soyons heureux, sois mienne !"
    ...

  • Jeune homme irrité sur un banc d'école,
    Dont le coeur encor n'a chaud qu'au soleil,
    Vous refusez donc l'encre et la parole
    À celles qui font le foyer vermeil ?
    Savant, mais aigri par vos lassitudes,
    Un peu furieux de nos chants d'oiseaux,
    Vous nous couronnez de railleurs roseaux !
    Vous serez plus jeune après vos études :
    Quand vous sourirez,
    Vous...

  • Couchez-vous, petit Paul ! Il pleut. C'est nuit : c'est l'heure.
    Les loups sont au rempart. Le chien vient d'aboyer.
    La cloche a dit : "Dormez !" et l'ange gardien pleure,
    Quand les enfants si tard font du bruit au foyer.

    "Je ne veux pas toujours aller dormir ; et j'aime
    A faire étinceler mon sabre au feu du soir ;
    Et je tuerai les loups ! Je les tuerai moi...

  • Riant portrait, tourment de mon désir,
    Muet amour, si loin de ton modèle !
    Ombre imparfaite du plaisir,
    Tu seras pourtant plus fidèle.
    De ta gaîté je me plains aujourd'hui ;
    Mais si jamais il cesse de m'entendre,
    À toi je me plaindrai de lui,
    Et tu me paraîtras plus tendre.

    Si tu n'as pas, pour aller à mon coeur,
    Son oeil brûlant et son parler...

  • Sur la terre où sonne l'heure,
    Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

    L'orgue sous le sombre arceau,
    Le pauvre offrant sa neuvaine,
    Le prisonnier dans sa chaîne
    Et l'enfant dans son berceau ;

    Sur la terre où sonne l'heure,
    Tout pleure, ah ! mon Dieu ! tout pleure.

    La cloche pleure le jour
    Qui va mourir sur l'église,
    Et...

  • Malheur à moi ! je ne sais plus lui plaire ;
    Je ne suis plus le charme de ses yeux ;
    Ma voix n'a plus l'accent qui vient des cieux,
    Pour attendrir sa jalouse colère ;
    Il ne vient plus, saisi d'un vague effroi,
    Me demander des serments ou des larmes :
    Il veille en paix, il s'endort sans alarmes :
    Malheur à moi !

    Las de bonheur, sans trembler pour ma...