Le présent se fait vide et triste, Ô mon amie, autour de nous ; Combien peu de passé subsiste ! Et ceux qui restent changent tous.
Nous ne voyons plus sans envie Les yeux de vingt ans resplendir, Et combien sont déjà sans vie Des yeux qui nous ont vus...
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Splendeur excessive, implacable, Ô beauté, que tu me fais mal ! Ton essence incommunicable, Au lieu de m'assouvir, m'accable : On n'absorbe pas l'idéal.
L'éternel féminin m'attire, Mais je ne sais comment l'aimer. Beauté, te voir n'est qu'un martyre,...
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Ô maître des charmeurs de l'oreille, ô Ronsard, J'admire tes vieux vers, et comment ton génie Aux lois d'un juste sens et d'une ample harmonie Sait dans le jeu des mots asservir le hasard.
Mais, plus que ton beau verbe et plus que ton grand art, J'aime ta passion d...
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Heureuses les lèvres de chair ! Leurs baisers se peuvent répondre ; Et les poitrines pleines d'air ! Leurs soupirs se peuvent confondre.
Heureux les coeurs, les coeurs de sang ! Leurs battements peuvent s'entendre ; Et les bras ! Ils peuvent se tendre, Se...
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Seras-tu de l'amour l'éternelle pâture ? A quoi te sert la volonté, Si ce n'est point, ô coeur, pour vaincre ta torture, Et dans la paix enfin, plus fort que la nature, T'asseoir sur le désir dompté,
Ainsi qu'un bestiaire, après la lutte, règne Sur son tigre...
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C'est une grande allée à deux rangs de tilleuls. Les enfants, en plein jour, n'osent y marcher seuls, Tant elle est haute, large et sombre. Il y fait froid l'été presque autant que l'hiver ; On ne sait quel sommeil en appesantit l'air, Ni quel deuil en épaissit l'ombre....
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A l'Air, le dieu puissant qui soulève les ondes Et fouette les hivers,
A l'Air, le dieu léger qui rend les fleurs fécondes Et sonores les vers,
Salut ! C'est le grand dieu dont la robe flottante Fait le ciel animé ;
Et c'est le dieu furtif qui...
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à Emmanuel Des Essarts
Quand d'une perte irréparable On garde au coeur le souvenir, On est parfois si misérable Qu'on délibère d'en finir.
La vie extérieure oppresse : Son mobile et bruyant souci Fatigue... et dans cette détresse On murmure : "...
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L'azur n'est plus égal comme un rideau sans pli. La feuille, à tout moment, tressaille, vole et tombe ; Au bois, dans les sentiers où le taillis surplombe, Les taches de soleil, plus larges, ont pâli.
Mais l'oeuvre de la sève est partout accompli : La grappe autour...
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Dans cette mascarade immense des vivants Nul ne parle à son gré ni ne marche à sa guise ; Faite pour révéler, la parole déguise, Et la face n'est plus qu'un masque aux traits savants.
Mais vient l'heure où le corps, infidèle ministre, Ne prête plus son geste à l'...
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