Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré
Mon corps sur votre autel que saint Désir dédie,
Que j'épandrai mon sang en mémoire infinie
D'avoir par une erreur si longtemps soupiré ?
Quand viendra l'heureux jour que je vous offriré
Un bénit cierge ardent avec cérémonie,
Étant à deux genoux près de vous accomplie,
Afin d'avoir pitié de mon coeur...
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Que ne suis-je échangé en précieuse pluie,
J'assoupirai Éole en sa prison soufflant !
Que ne suis-je changé en aigle haut volant
Pour te faire compagne à la grande Asterie !
Que ne suis-je échangé en babillarde pie
Pour t'aller saluer ores en gaudissant !
Que ne suis-je échangé en taureau blanchissant
Pour paître bienheureux en ta belle prairie !... -
Ton voile noir te fait approuver feinte,
Il te déguise en cachant tes beaux yeux,
Et si convient à ton voeu soucieux,
Qui est couvert de religion sainte.
Certainement toute chose contrainte
Est haïssable aux hommes et aux dieux ;
Par force on entre au couvent odieux
Qui rend la vie étroitement étreinte.
Tu me diras : " J'y ai dévotion... -
Sur ses ailes, Amour, d'un vol plein de vitesse,
Sans donner à mon âme un moment de repos,
Plus vite qu'un dauphin qui traverse les flots,
Me transporte haut-volant vers ma chaste déesse.
Jamais de tel randon* des aquilons la presse,
Franchissant à l'envi d'Amphitrite les sauts,
Si raide n'élança par le glacis des eaux
Le vaisseau désarmé vide de... -
Je penserai plutôt la mer non variable,
Le beau printemps sans fleurs, le mois d'août sans moissons,
Le froidureux hiver sans neige, sans glaçons,
Et le pauvre idiot avisément croyable.
Je penserai plutôt le bonheur abhorrable,
L'automne sans fruitage, et sans nulles boissons,
Le monde sans envie, et la mer sans poissons,
Que je pensasse en rien... -
J'aime tant ce parler bégayement mignard
Qui sent encor le lait d'une voix enfantine,
Toutefois bien souvent il donne du poignard
Qui m'objecte soudain à faire maigre mine.
Mais tout ainsi qu'il faut que le brave soldard
Doute moins l'ennemi que son bon capitaine,
Ainsi, ma chère amour, je crains votre regard,
Plus que de mes haineux la présence... -
Si les pleurs douloureux, si les tristes complaintes,
Si les mortels sanglots, si les regrets cuisants,
Si les fières fiertés, si les ennuis nuisants,
Si les funestes cris, si les rigueurs non feintes,
Si les maux outrageux, si les dures atteintes,
Si les noires fureurs, si les gémissements,
Si les soupirs profonds, si les âpres tourments,
Si les... -
Ô belle Noémie, approche, embrasse-moi,
Et ne m'allègue plus ma sainte ardeur éprise,
Disant que je m'en aille à Théophile exquise
A qui j'offris mes voeux premièrement qu'à toi.
Je me fâche vraiment de ce double renvoi
Qui fraude les loyers de ma brave entreprise :
Le grand Prince use ainsi d'une feinte remise
Pour égarer l'effet de sa douteuse foi... -
Pourquoi négliges-tu l'extrême affection
Dont je te veux servir, ma gente Théophile ?
Tu m'amènes la loi, qui est toute mobile,
Étant sujette aux rois, divers d'opinion.
Je ne trouve au couvent nulle religion :
Sans l'effet apparent la voix est inutile.
La royale Amilly si belle, si subtile,
S'abuse comme toi en la dévotion.
La vie sans... -
Ton poil, ton oeil, ta main, crêpé, astré, polie,
Si blond, si bluettant, si blanche, alme beauté,
Noue, ard, touche mes ans, mes sens, ma liberté,
Les plus chers, les plus prompts, la plus parfaite amie.
Mais ce noeud, mais ce feu, mais ce trait gâte-vie,
Qui m'enlace, m'enflamme, et me navre arrêté,
Étreint, encendre, occis, avecque cruauté,
Quel...