• XXVIII

    Voyez-vous, un parfum éveille la pensée.
    Repliez, belle enfant par l’aube caressée,
    Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon,
    Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon,
    Et puis écoutez-moi. — Dieu fait l’odeur des...

  • L’aurore apparaissait ; quelle aurore ? Un abîme
    D’éblouissement, vaste, insondable, sublime ;
    Une ardente lueur de paix et de bonté.
    C’était aux premiers temps du globe ; et la clarté
    Brillait sereine au front du ciel inaccessible,
    Étant tout ce que Dieu peut avoir de visible ;
    Tout s’illuminait, l’ombre et le brouillard obscur ;
    Des avalanches d’or s...

  • X

    Une femme m'a dit ceci : ─ J'ai pris la fuite.
    Ma fille que j'avais au sein, toute petite,
    Criait, et j'avais peur qu'on n'entendît sa voix.
    Figurez-vous, c'était un enfant de deux mois ;
    Elle n'avait pas plus de force qu'une mouche.
    Mes baisers essayaient de lui fermer la bouche,
    Elle criait toujours ; hélas ! elle...

  • (II)

    Ineffable lever du premier rayon d'or,
    Du jour éclairant tout sans rien savoir encor!
    O matin des matins ! amour ! joie effrénée
    De commencer le temps, l'heure, le mois, l'année !
    Ouverture du monde ! instant prodigieux !
    La nuit se dissolvait dans les énormes cieux
    Où rien ne tremble, où rien ne pleure, où rien ne souffre ;
    Autant que le...

  • Dieu prit sa plus molle argile
    Et son plus pur kaolin,
    Et fit un bijou fragile,
    Mystérieux et câlin.

    Il fit le doigt de la femme,
    Chef-d'oeuvre auguste et charmant,
    Ce doigt fait pour toucher l'âme
    Et montrer le firmament.

    Il mit dans ce doigt le reste
    De la lueur qu'il venait
    D'employer au front céleste
    De l'heure où l...

  • Une femme m'a dit ceci : - J'ai pris la fuite.
    Ma fille que j'avais au sein, toute petite,
    Criait, et j'avais peur qu'on n'entendît sa voix.
    Figurez-vous, c'était un enfant de deux mois ;
    Elle n'avait pas plus de force qu'une mouche.
    Mes baisers essayaient de lui fermer la bouche,
    Elle criait toujours ; hélas ! elle râlait.
    Elle voulait téter, je n'...

  • Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !
    Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
    Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
    Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
    Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées
    S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !
    Comme au bout d'une branche on voit étinceler
    Une goutte de pluie...

  • Certe, elle n'était pas femme et charmante en vain,
    Mais le terrestre en elle avait un air divin.
    Des flammes frissonnaient sur mes lèvres hardies ;
    Elle acceptait l'amour et tous ses incendies,
    Rêvait au tutoiement, se risquait pas à pas,
    Ne se refusait point et ne se livrait pas ;
    Sa tendre obéissance était haute et sereine ;
    Elle savait se faire...

  • (par ballon monté, 10 janvier)

    Paris terrible et gai combat. Bonjour, madame.
    On est un peuple, on est un monde, on est une âme.
    Chacun se donne à tous et nul ne songe à soi.
    Nous sommes sans soleil, sans appui, sans effroi.
    Tout ira bien pourvu que jamais on ne dorme.
    Schmitz fait des bulletins plats sur la guerre énorme ;
    C'est Eschyle traduit...

  • (IV)

    Ève offrait au ciel bleu la sainte nudité ;
    Ève blonde admirait l'aube, sa soeur vermeille.

    Chair de la femme ! argile idéale ! ô merveille !
    Pénétration sublime de l'esprit
    Dans le limon que l'Être ineffable pétrit !
    Matière où l'âme brille à travers son suaire !
    Boue où l'on voit les doigts du divin statuaire !
    Fange auguste appelant...