Je vous avais donné tous les dons que les cieux
Peuvent jamais donner à quelque grand' déesse,
L'honneur, la majesté, la grâce et la hautesse,
Les appas pour charmer les hommes et les dieux.

Je parais votre sein de beaux lys gracieux,
Vous donnant de Vénus l'oeil...

Puisque je reconnais que le ciel détermine
Que je languisse encor en la captivité,
Je me tiens bienheureux qu'une telle beauté
Me cause en la servant le bien ou la ruine,

Ainsi que j'aperçois que ma raison encline
A rendre à vos beaux yeux toute ma liberté....

Je me vais comparant à la mer vagabonde
Où vont toutes les eaux de ce grand univers,
Parce que mes ennuis et mes soucis divers
Descendent de mon coeur d'une fuite seconde.

La mer pour le tribut qui de son sein abonde
Ne surpasse jamais ses hauts bords...