Je mesurais pas à pas, et la plaine,
Et l'infini de votre cruauté,
Et l'obstiné de ma grand' loyauté
Et votre foi fragile et incertaine.
Je mesurais votre douceur hautaine,
Votre angélique et divine beauté,
Et mon désir trop hautement monté,
Et mon ardeur, votre glace et ma peine.
Et ce pendant que mes affections,
Et la rigueur...
-
-
Narcisse aime sa soeur, sa chère soeur jumelle,
Sa soeur aussi pour lui brûle d'ardeur extrême ;
L'un en l'autre se sent être un second soi-même :
Ce qu'elle veut pour lui, il veut aussi pour elle.
De semblable beauté est cette couple belle,
Et semblable est le feu qui fait que l'un l'autre aime,
Mais la soeur est première à qui la Parque blême
... -
Plus subtile oeuvre tirée
Ne fut onc de soie ou d'or
Qu'est votre tresse dorée
De beauté riche trésor
Oncq' amour plus sûrement
Ne tendit ses lacs ailleurs
Pour s'y celer cautement
Et surprendre mille coeurs.
La belle douce lumière
Qui luit dessous votre front
Semble l'étoile première
Qui l'ombre de la nuit rompt
Oncques d'... -
Au premier trait, que mon oeil rencontra
Des moins parfaits de sa perfection,
La plus grand part de ma dévotion
Soudainement en elle idolâtra.
Mais quand le son de sa voix pénétra
Dans mon ouïr, l'imagination
Ravissant haut ma contemplation,
Au plus parfait de son parfait entra.
Lors je connus que ce vermeil albâtre,
Pour qui mon... -
L'ardent désir, qui d'espérer m'abuse,
Si bien la voie au penser d'Amour montre,
Que bien souvent devant moi je rencontre
Celle pour qui tant, et tant de pas j'use.
Mais quand ma douce, et cruelle Méduse
Fait à mes yeux de soi si belle montre,
L'esprit vital, d'admirable rencontre
Tout éperdu, son devoir me refuse.
Vraiment aussi point... -
Oeil éloigné du Jour, qui te recrée,
Comme, en l'obscur d'une nuée épaisse
Peux-tu tirer une si vive espèce
D'un corps, non corps, qui vainement se crée ?
Coeur martelé, quelle Éride est entrée
Dedans ton fort ? quelle pâle crainte est-ce,
Qui d'engendrer ta ruine te presse,
Et d'allaiter la fère de Matrée ?
Tourne avec moi, tourne avec... -
Mon âme est en vos mains heureusement étreinte
Du plus gracieux noeud qu'oncq' beauté n'enlaça ;
Une plus douce flèche oncques coeur ne blessa
Que celle qui par vous dedans mon sang est teinte ;
Plus docte poésie en votre esprit est peinte
Qu'oncques sur Iélicon Apollon n'en pensa ;
Un plus illustre rêts oncq' Phébus n'élança
Qu'est celui dont mon coeur... -
Quand le désir de ma haute pensée,
Me fait voguer en mer de ta beauté,
Espoir du fruit de ma grand' loyauté,
Tient voile large à mon désir haussée.
Mais cette voile ainsi en l'air dressée,
Pour me conduire au port de privauté,
Trouve en chemin un flot de cruauté,
Duquel elle est rudement repoussée.
Puis de mes yeux la larmoyante pluie... -
J'ai tant crié, ô douce Mort, renverse
Avec ce corps mon grief tourment sous terre,
Que je me sens presque finir la guerre
De l'espérance à mon désir diverse.
Vois, Dame, vois, que les pleurs que je verse,
Et les soupirs ardents, que je déserre
Hors de mon coeur, et le trait qui m'enferre,
Veulent finir si dure controverse.
Mes pleurs... -
Pere divin, sapience eternelle,
Commencement et fin de toute chose,
Ou en pourtrait indeleble repose
De l'Univers l'Idee universelle.
Voy de tes Raiz la plus belle estincelle
Qui soit ça-bas en corps humain enclose,
Que la trop fiere, impiteuse Parque ose
Tirer du clos de sa cendre mortelle.
Donq de mon feu pourra la flame claire,
Qui à...