Quand le désir de ma haute pensée,
Me fait voguer en mer de ta beauté,
Espoir du fruit de ma grand' loyauté,
Tient voile large à mon désir haussée.
Mais cette voile ainsi en l'air dressée,
Pour me conduire au port de privauté,
Trouve en chemin un flot de cruauté,
Duquel elle est rudement repoussée.
Puis de mes yeux la larmoyante pluie,
Et les grands vents de mon soupirant coeur,
Autour de moi émeuvent tel orage
Que si l'ardeur de ton amour n'essuie
Cette abondance, hélas, de triste humeur,
Je suis prochain d'un périlleux naufrage.