Avecques mon amour naît l'amour de changer.
J'en aime une au matin ; l'autre au soir me possède.
Premier qu'avoir le mal, je cherche le remède,
N'attendant être pris pour me désengager.
Sous un espoir trop long je ne puis m'affliger ;
Quand une fait la brave, une autre lui succède ;
Et n'aime plus longtemps la belle que la laide :
Car dessous...
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Le ciel joint rarement l'esprit à la beauté.
Vous avez l'un et l'autre en un degré suprême,
Et c'est, à mon avis, un horrible blasphème
De ne pas vous tenir pour une déité.
Cet esprit, en tous lieux, est justement vanté,
Car vous faites des vers mieux que Malherbe même ;
Lorsque nous les lisons le plaisir est extrême
Et nous sommes surpris de leur... -
Le destin avec ma famille
M'a traîné loin de cette ville
En ces lieux où je me déplais.
Hélas ! je suis à la campagne,
Où je ne sais ce que je fais,
Sinon des châteaux en Espagne.
J'y fuis celui qui s'embarrasse
Dans les fatigues de la chasse,
Où souvent la raison se perd.
Pour une bête on s'y rend bête,
Et la fête de saint Hubert... -
Destins, destins, corps bruts par l'esprit achevés !
La lune est sur les monts, les astres sont levés !
Sur la rose assoupie un beau Zéphir nu vole ;
Dans l'éclat velouté de cette lune molle
Les oeufs des rossignols brillent ! Soleil pieux
Bientôt tu mûriras ces fruits mélodieux ;
Le chantre aux tendres yeux brisera ses demeures ;
Il dira le secret... -
Monseigneur le Printemps en robe épiscopale
D'un violet vivant comme les fleurs d'iris,
Ouvrant à deux battants les hauts portails fleuris
Au son des clairons d'aube, entre en sa cathédrale.
Une tulipe fait sa crosse ; en frais camail
Monseigneur le Printemps sous le dôme bleu marche ;
Au loin plongent les nefs, et sous leur dernière arche
Le... -
J'avois de l'Amour pour vous,
Charmante Sylvie,
Mais vos injustes courroux
Ont refroidy mon envie,
Je sçais aymer constamment,
Mais si l'on n'ayme esgalement,
Ma foy je m'en ennuye.
Vostre bouche, et vos beaux yeux
Les Roys de ma vie,
Et vostre ris gracieux,
Avoient mon ame asservie,
Vous m'aviez gagné le coeur,
Mais quand... -
Pour vos beaux yeux et vostre beau visage,
Et la douceur de ce divin langage
Dont vous tenez tout le monde enchanté,
Cloris, on doit souffrir vostre fierté,
Et prés de vous avoir moins de courage.
Il est donc vray, que je ne fus pas sage,
De ne pouvoir endurer un outrage,
Moy que l'Amour tient si bien arresté
Pour vos beaux yeux.
... -
Quand Iris aux beaux yeux,
Paroist en quelques lieux,
Il n'est coeur qui ne tremble,
C'est l'honneur de la Cour,
C'est la gloire d'Amour,
Et les Vertus ensemble.
On ne peut pas si-tost,
Bien louër comme il faut,
De la grande Duchesse
La grace et la bonté ;
Sa moindre qualité
Est celle de Princesse.
Quand des bords... -
Ma foi, c'est fait de moi. Car Isabeau
M'a conjuré de lui faire un rondeau.
Cela me met en une peine extrême.
Quoi treize vers : huit en eau, cinq en ème !
Je lui ferais aussitôt un bateau.
En voilà cinq pourtant en un monceau.
Faisons-en huit, en invoquant Brodeau,
Et puis mettons : par quelque stratagème.
Ma foi, c'est fait.
Si je... -
Le Soleil ne voit icy bas
Rien qui ne cede aux doux appas
Dont Caliste nous ensorcelle,
Son air n'est pas d'une mortelle,
Sa bouche, ses mains, ny ses bras.
Ses beaux yeux causent cent trespas,
Ils esclairent tous ces climats,
Et portent en chaque prunelle
Le Soleil.
Tout son corps est fait par compas,
La grace accompagne...