Plaignez-moi, chers amants, que le ciel adversaire
Jadis a transformés dans ce bois solitaire
En arbres et en fleurs,
Et toi plaisant, Narcis, quitte un peu ta fontaine,
Si tu veux voir d'Amour la figure certaine,
Mire-toi dans mes pleurs !
Je me plais au travail que sans cesse j'endure,
Avec ces hauts sapins mon désir se mesure
Et s'accroît tous...
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Augmentez mes tourments, faites languir mon âme,
Joignez votre mépris aux rigueurs de mon sort,
Au lieu de votre objet faites-moi voir la mort,
Et trempez de poison la flèche qui m'étonne.
Soyez sourde à mes cris lorsque je vous réclame,
Me remplissant de crainte au lieu de réconfort,
Émouvez la tempête et m'éloignez du port,
Opposez votre glace... -
Puisqu'à si beau Soleil j'ai mon aile étendue,
Plus mon désir me pousse et m'élève là-haut,
Plus je perds mon séjour, plus mon désir est chaud,
Je méprise la terre et surmonte la nue.
Je ne crains le malheur ni la perte connue
Du jeune audacieux, ni son funèbre saut ;
Bien que je tombe ainsi, chétif, il ne m'en chaut :
La mort pour tel dessein n'... -
Niobé, tes enfants jadis furent heureux
D'avoir été changés en rochers et en pierre,
Avant que la beauté qui me livre la guerre
Eût fait voir en naissant des effets amoureux.
Car, depuis que ses yeux, ces astres rigoureux,
Eurent de feux, d'attraits, rempli l'air et la terre,
Il n'est rien de vivant que son regard n'enferre
Et ne fasse mourir... -
Puisque mon espérance est à l'extrémité,
Triste et cruelle fin de vous tant désirée,
Puisque vous me voyez par votre cruauté
N'être plus qu'une cendre au tombeau préparée,
Ressemblez cette reine et son coeur indompté,
Qui de son cher mari but la cendre honorée.
Faite ainsi de la mienne, ô divine beauté,
Récompensant la foi que je vous ai jurée.... -
Celui qui va disant que la mort inhumaine
Délivre un amoureux des liens de l'amour
Est privé de raison comme les nuits du jour,
Il ne sentit jamais le mal qui me pourmène,
Car la mort ne saurait pour arroser la plaine
Du sang d'un pauvre coeur où ce dieu fait séjour,
Faire que ce tyran, ce rigoureux vautour,
Ne lui fasse sentir des feux et de la... -
Bel albâtre vivant qu'un fin crêpe nous cache,
Qui vas toute blancheur ici-bas surpassant,
Admirable perron où l'amour tout-puissant
Les plus rebelles coeurs pour son trophée attache,
Il faut que je t'admire, encore que je sache
Que cent mille rigueurs à l'entour vont croissant,
D'où s'élance un grand feu qui nous rend languissant,
Et qui brûle... -
Madame, ce matin je vous offre une fleur
Qui du sang de Narcis a pris son origine :
Pour vous y comparer Amour vous la destine,
Et vous vient consacrer son tige et sa couleur.
Vous semblez un Narcis de grâce et de rigueur,
Il avait comme vous l'apparence divine,
De sa vive beauté l'onde fut la ruine,
Et je crains qu'un miroir cause votre malheur !... -
Parmi ces monts où séjourne l'ombrage,
L'asil' n'est point d'antre ni de rocher,
Où jour et nuit ne me vaise chercher
La mort pour fin de l'amour qui m'outrage.
Il n'est aussi ni ruisseau ni bocage.
Arbres ni fleurs que je puisse approcher,
Qui de mon mal ne se laisse toucher,
Oyant ma plainte et mon triste langage.
Ces champs divers vont... -
Puisque l'absence me retire
En ce désert où je soupire
L'amour qui me rend furieux,
Puisque le sort me porte envie,
Je veux faire écouler ma vie
Par les fontaines de mes yeux.
Puisqu'un autre à mon bien succède,
Puisque mon mal est sans remède,
L'espoir doit être supprimé.
Puisqu'en vain le ciel je réclame,
Et puisque j'ai perdu...