Reste. N'allume pas la lampe. Que nos yeux
S'emplissent pour longtemps de ténèbres, et laisse
Tes bruns cheveux verser la pesante mollesse
De leurs ondes sur nos baisers silencieux.
Nous sommes las autant l'un que l'autre. Les cieux
Pleins de soleil nous ont trompés. Le jour nous blesse.
Voluptueusement berçons notre faiblesse
Dans l'océan du soir...
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Deux monts plus vastes que l'Hécla
Surplombent la pâle contrée
Où mon désespoir s'éveilla.
Solitude qu'un rêve crée !
Jamais l'aube n'étincela
Dans cette ombre démesurée.
La nuit ! la nuit ! rien au delà !
Seule une voix monte, éplorée ;
Ô ténèbres, écoutez-la.
C'est ton chant qu'emporte Borée,
Ton chant où mon cri se... -
Debout ! le soleil caresse nos draps.
Que ne suis-je né près de Mytilène !
Allons respirer l'odeur des cédrats
Au marché qu'on tient à la Madeleine.
J'ai rêvé d'un grand château dans la plaine.
Nous étions (hélas ! tu me comprendras !)
Moi, l'hôte d'un soir, vous, la châtelaine.
Debout ! le soleil caresse nos draps.
Nous voyagerons lorsque tu... -
C'était un soir du mois où les grappes sont mûres,
Et celle que je pleure était encore là.
Muette, elle écoutait ton chant sous les ramures,
Élégiaque oiseau des nuits, Philoméla !
Attentive, les yeux ravis, la bouche ouverte,
Comme sont les enfants au théâtre Guignol,
Elle écoutait le chant sous la frondaison verte,
Et moi je me sentis jaloux du... -
La Seine, clair ciel à l'envers,
S'ensoleille comme le Tage !
Laisse éclore des menus vairs
Tes bras, ta gorge et davantage.
Au diable l'imbécile adage :
" Avril. Ne quitte pas un fil. "
Il ne sied qu'aux personnes d'âge.
Quitte tout, ma mie, en avril !
Quand Zéphyr dévêt des hivers
La colline après un long stage,
Pourquoi... -
ont raison de changer d'amour
Au brin d'herbe qu'elle a quitté
Songe la cigale infidèle ;
Meilleur exemple, l'hirondelle
N'a qu'un nid pour plus d'un été.
Vaudras-tu la réalité,
Bonheur rêvé qui fais fi d'elle ?
Au brin d'herbe qu'elle a quitté
Songe la cigale infidèle.
Pour fragile, hélas ! qu'ait été
L'amour qui fut... -
L'orageux crépuscule oppresse au loin la mer
Et les noirs sapins. L'ombre, hélas ! revient toujours.
Ah ! je hais les désirs, les espoirs, les amours,
Autant que les damnés peuvent haïr l'enfer.
Car je n'étais point né pour vivre : j'étais né
Pour végéter, pareil à la mousse ou pareil
Aux reptiles, et pour me gorger de soleil
Sur un roc d'un midi sans... -
à cause du souvenir de sa première chanson d'amour
J'ai chanté comme Chérubin
Pour les beaux yeux de ma marraine !
Plus heureux qu'un page de reine
En mon émoi de coquebin,
N'espérant, ingénu bambin,
Que d'être frôlé de sa traîne,
J'ai chanté comme Chérubin
Pour les beaux yeux de ma marraine.
Plus noir que diacre ou rabbin,... -
Bien qu'il ait l'âme sans rancune,
Pierrot dit en serrant le poing :
" Mais, sacrebleu, je n'ai nul point
De ressemblance avec la lune !
" Ô faux sosie aérien !
Mon nez s'effile, elle est camuse ;
Elle a l'air triste ! Je m'amuse
De tout, un peu, beaucoup, de rien.
" On la dit pâle ! Allons donc ! jaune !
Moi seul suis blanc comme... -
Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
Force n'ai plus, substance ne liqueur,
Quand je te vois retrait ainsi seulet
Com pauvre chien tapi en reculet.
- Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
- Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
- Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
-...