Le vent frais de l?aurore agite les lilas.
Néère, nue et blanche, et riant aux éclats,
Du bout d?un pied de neige, au bord de la rivière,
Agace le cristal de l?onde familière,
Cependant que, non loin, guettant l?âge nouveau,
Le satyre suspend son haleine au pipeau ;
Et l?enfant que sa grâce innocente décore,
Ignorante des mois, dans sa chair pure encore,...
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L'âme d'une flûte soupire
Au fond du pare mélodieux ;
Limpide est l'ombre où l'on respire
Ton poème silencieux,
Nuit de langueur, nuit de mensonge,
Qui poses d'un geste ondoyant
Dans ta chevelure de songe
La lune, bijou d'Orient.
Sylva, Sylvie et Sylvanire,
Belles au regard bleu changeant,
L'étoile aux fontaines se mire,
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Dans la brise ailée et sonore
S?éveillent les dieux bocagers ;
Et le chalumeau des bergers
Brode de ses accords légers
Le voile rose de l?aurore.
Tircis aux pieds d?Églé dit son âme amoureuse.
L?air est bleu ; la rosée étincelle aux buissons ;
Le ruisseau d?argent clair brille dans les cressons,
Et le chien noir a l?oeil sur la brebis peureuse.... -
Le ciel comme un lac d'or pâle s'évanouit,
On dirait que la plaine, au loin déserte, pense ;
Et dans l'air élargi de vide et de silence
S'épanche la grande âme triste de la nuit.
Pendant que çà et là brillent d'humbles lumières,
Les grands boeufs accouplés rentrent par les chemins ;
Et les vieux en bonnet, le menton sur les mains,
Respirent le soir... -
Vers l?occident, là-bas, le ciel est tout en or ;
Le long des prés déserts où le sentier dévale
La pénétrante odeur des foins coupés s?exhale,
Et c?est l?heure émouvante où la terre s?endort.
Las d?avoir, tout un jour, penché mon front qui brûle,
Comme on pose un fardeau, j?ai quitté la maison.
J?ai soif de grande ligne et de vaste horizon,
Et devant... -
Dans la lente douceur d'un soir des derniers jours
La ville haletante exhale ses fumées.
Frère de nonchaloir, le fleuve aux eaux lamées
Roule un flot de légende au pied des vieilles tours.
Le peuple, regagnant sans hâte sa demeure,
Fait sonner sous ses pas la pierre du vieux pont,
Dont l'âme fatiguée aux siècles lui répond
Dans cette lassitude... -
Ô Faust, ta lampe blême expire de sommeil ;
La page où tu lis tourne au vent frais de l'aurore.
Lève le front, regarde... au chant du coq sonore
La face du seigneur monte dans le soleil !
Pendant qu'au pavé nu tu crispes ton orteil,
Vois, le monde tressaille, heureux d'un jour encore.
Ta vie est un serpent maudit qui se dévore.
?????????????????
... -
Les heures de la nuit sont lentes et funèbres.
Frère, ne trembles-tu jamais en écoutant,
Comme un bruit sourd de mer lointaine qu?on entend,
La respiration tragique des ténèbres ?
Les heures de la nuit sont filles de la peur ;
Leur souffle fait mourir l?âme humble des veilleuses,
Cependant que leurs mains froides et violeuses,
S?allongent sous les draps... -
Le soleil, par degrés, de la brume émergeant,
Dore la vieille tour et le haut des mâtures ;
Et, jetant son filet sur les vagues obscures,
Fait scintiller la mer dans ses mailles d?argent.
Voici surgir, touchés par un rayon lointain,
Des portiques de marbre et des architectures ;
Et le vent épicé fait rêver d?aventures
Dans la clarté limpide et fine du... -
Sous le premier péché courbant son front maudit,
Adam, sur qui pesait la main toute-puissante,
Avec Ève, à son bras défaite et languissante,
S?éloignait à pas lents du Jardin interdit.
Le jour allait finir ; à l?horizon livide
L?oeil rouge du soleil palpitait dans du sang.
Les ombres s?allongeaient dans le soir menaçant,
Et la terre était nue, et le...