• Me voici seul enfin, tel que je devais l'être :
    Les jours sont révolus.
    Ces dévouements couverts que tu faisais paraître
    Ne me surprendront plus.

    Le mal que tu m'as fait et ton affreux délire
    Et ses pièges maudits,
    Depuis longtemps déjà les cordes de la lyre
    Me les avaient prédits.

    Au vent de ton malheur tu n'es en quelque sorte
    Qu'un...

  • Ai-je sucé les sucs d'innomés magistères
    Quel succube au pied bot m'a-t-il donc envoûté ?
    Oh ! ne l'être plus, oh ! ne l'avoir pas été !
    Suc maléfique, ô magistères délétères !

    Point d'holocauste offert sur les autels des Tyrs,
    Point d'âpres cauchemars, d'affres épileptiques !
    Seuls les rêves pareils aux ciels clairs des triptyques,
    Seuls les...

  • Dans le jardin taillé comme une belle dame,
    Dans ce jardin nous nous aimâmes, sur mon âme !
    Ô souvenances, ô regrets de l'heure brève,
    Souvenances, regrets de l'heur. Ô rêve en rêve

    Et triste chant dans la bruine et sur la grève.
    Chant triste et si lent et qui jamais ne s'achève,
    Lent et voluptueux, cerf qui de désir brame,
    Et tremolo banal, aussi, de...

  • Nous longerons la grille du parc,
    A l'heure où la Grande Ourse décline ;
    Et tu porteras - car je le veux -
    Parmi les bandeaux de tes cheveux
    La fleur nommée asphodèle.

    Tes yeux regarderont mes yeux ;
    A l'heure où la grande Ourse décline. -
    Et mes yeux auront la couleur
    De la fleur nommée asphodèle.

    Tes yeux regarderont mes yeux,
    Et...

  • Quand reviendra l'automne avec les feuilles mortes
    Qui couvriront l'étang du moulin ruiné,
    Quand le vent remplira le trou béant des portes
    Et l'inutile espace où la meule a tourné,

    Je veux aller encor m'asseoir sur cette borne,
    Contre le mur tissé d'un vieux lierre vermeil,
    Et regarder longtemps dans l'eau glacée et morne
    S'éteindre mon image et le pâle...

  • Et j'irai le long de la mer éternelle
    Qui bave et gémit en les roches concaves,
    En tordant sa queue en les roches concaves ;
    J'irai tout le long de la mer éternelle.

    Je viendrai déposer, ô mer maternelle,
    Parmi les varechs et parmi les épaves,
    Mes rêves et mon orgueil, mornes épaves,
    Pour que tu les berces, ô mer maternelle.

    Et j'écouterai...

  • Oisillon bleu couleur-du-temps,
    Tes chants, tes chants
    Dorlotent doucement les coeurs
    Meurtris par les destins moqueurs.

    Oisillon bleu couleur-du-temps,
    Tes chants, tes chants
    Donnent de nouvelles vigueurs
    Aux corps minés par les langueurs.

    Oisillon bleu couleur-du-temps,
    Tes chants, tes chants
    Font revivre les espoirs morts
    Et...

  • Ce n'est pas vers l'azur que mon esprit s'envole :
    Je pense à toi, plateau hanté des chevriers.
    Aux pétales vermeils, à la blanche corolle,
    Je préfère le deuil de tes genévriers.

    Noir plateau, ce qui berce une audace rendue,
    Ce n'est point le zéphyr sur les flots de la mer,
    C'est la plainte du vent sur ta morne étendue
    Où je voudrais songer prisonnier...

  • Vous, avec vos yeux, avec tes yeux,
    Dans la bastille que tu hantes !
    Celui qui dormait s'est éveillé
    Au tocsin des heures beuglantes.
    Il prendra sans doute
    Son bâton de route
    Dans ses mains aux paumes sanglantes.

    Il ira, du tournoi au combat,
    À la défaite réciproque ;
    Qu'il fende heaumes beaux et si clairs,
    Son pennon, qu'il...

  • Téthys qui m'as vu naître, ô Méditerranée !
    Quinze fois le Taureau nous ramena l'année,
    Depuis que, par ton zèle exilé de ton sein,
    Ton aimable couleur à mes yeux fut ravie.
    Certes, mon âme est forte et brave est mon dessein,
    Et rapide est mon soc dans la trace suivie :
    Et jà ma bouche a su entonner l'aquilon
    Avecque l'Euménis, dans l'airain d'Apollon,
    ...