• " Petite perle cristalline
    Tremblante fille du matin,
    Au bout de la feuille de thym
    Que fais-tu sur la colline ?

    Avant la fleur, avant l'oiseau,
    Avant le réveil de l'aurore,
    Quand le vallon sommeille encore
    Que fais-tu là sur le coteau ? "

  • Poètes, peintres parlants, que vous sert de nous feindre,
    Peintres, poètes muets, que vous sert de nous peindre
    Des feux, des fouets, des fers, des vaisseaux pleins de trous,
    Des rages, des fureurs, des lieux épouvantables :
    Pour exprimer l'horreur des enfers effroyables,
    Est-il enfer semblable à celui des jaloux ?

    L'aigle de Prométhée, les fouets des...

  • Ma belle un jour dessus son lit j'approche
    Qui me baisant là sous moi frétillait
    Et de ses bras mon col entortillait
    Comme un Lierre une penchante Roche.

    Au fort de l'aise et la pâmoison proche
    Il me sembla que son oeil se fermait,
    Qu'elle était froide et qu'elle s'endormait
    Dont courroucé je lui fis ce reproche :

    Vous dormez donc !...

  • [?] Qu'est-ce donc de la vie où l'homme se plaît tant ?
    Ce n'est ,qu'une fumée ou qu'un ombre inconstant,
    Une frêle vapeur, à l'instant consumée,
    Un songe fabuleux, qui passe en un moment.
    Quel fol est donc celui qui chérit tellement
    Un songe, une vapeur, un ombre, une fumée ?

    Mais qu'est-ce de la mort, que tout le monde craint,
    Sinon le seul...

  • Un oeil de chat-huant, des cheveux serpentins,
    Une trogne rustique à prendre des copies,
    Un nez qui au mois d'août distille les roupies,
    Un ris sardonien à charmer les lutins,

    Une bouche en triangle, où comme à ces mâtins
    Hors oeuvre on voit pousser de longues dents pourries,
    Une lèvre chancreuse à baiser les furies,
    Un front plâtré de fard, un...

  • (extrait)

    ... Quand sur les champs du soir la brume étend ses voiles,
    Lorsque, pour mieux rêver, la Nuit au vol errant,
    Sur le pâle horizon détache en soupirant
    Une ceinture d'or de sa robe d'étoiles ;

    Lorsque le crépuscule entr'ouvre, aux bords lointains,
    Du musical éther les portes nuageuses ;
    Alors, avec les vents, les âmes voyageuses
    ...

  • (extraits)

    ... Ils vont toujours. L'horizon s'ouvre immense,
    Il se gonfle, il se perd, et toujours recommence ;
    Confus, inépuisable, il s'enfuit, reculant
    L'orageuse étendue au flot étincelant.
    Et les monts sur les monts s'accumulent sans cesse ;
    Le haut plateau succède au plateau qui s'abaisse,
    Bordant de ces créneaux lugubres, désolés,
    Les...

  • (extrait)

    ... Ne crains plus d'exister ! L'avenir, c'est l'enfance !
    Le plus vieux souvenir, la plus jeune espérance,
    Sont deux frères jumeaux, aux pas silencieux,
    Qui se mirent dans l'âme en marchant dam les cieux.

  • Tirer du ver l'éclat et l'ornement des Rois,
    Rendre par les couleurs une toile parlante,
    Emprisonner le temps dans sa course volante,
    Graver sur le papier l'image de la voix ;

    Donner aux corps de bronze une âme foudroyante,
    Sur les cordes d'un luth faire parler les doigts
    Savoir apprivoiser jusqu'aux monstres des bois,
    Brûler avec un verre une...

  • Frédéric
    Tic tic
    Dans sa p'tite boutique
    Marchand d'allumettes
    Dans sa p'tite brouette
    S'en va-t-à la ville
    Comme un imbécile
    Les mains dans les poches
    Comme un Espagnol.