• Seul un homme debout auprès d'une colonne,
    Sans que ce grand fracas le dérange ou l'étonne,
    A la scène oubliée attachant son regard,
    Dans une extase sainte enivre ses oreilles.
    De ces accords profonds, de ces hautes merveilles
    Qui font luire ton nom entre tous, - ô Mozart ! -
    Ton génie avait pris le sien, et de ses ailes
    Le poussait par delà les sphères...

  • Notre-Dame
    Que c'est beau !
    Victor HUGO

    En passant sur le pont de la Tournelle, un soir,
    Je me suis arrêté quelques instants pour voir
    Le soleil se coucher derrière Notre-Dame.
    Un nuage splendide à l'horizon de flamme,
    Tel qu'un oiseau géant qui va prendre l'essor,
    D'un bout du ciel à l'autre ouvrait ses ailes d'or,
    - Et c'était des clartés à...

  • Sur le coteau, là-bas où sont les tombes,
    Un beau palmier, comme un panache vert,
    Dresse sa tête, où le soir les colombes
    Viennent nicher et se mettre à couvert.

    Mais le matin elles quittent les branches ;
    Comme un collier qui s'égrène, on les voit
    S'éparpiller dans l'air bleu, toutes blanches,
    Et se poser plus loin sur quelque toit.

    Mon âme...

  • Je vis cloîtré dans mon âme profonde,
    Sans rien d'humain, sans amour, sans amis,
    Seul comme un dieu, n'ayant d'égaux au monde
    Que mes aïeux sous la tombe endormis !
    Hélas ! grandeur veut dire solitude.
    Comme une idole au geste surhumain,
    Je reste là, gardant mon attitude,
    La pourpre au dos, le monde dans la main.

    Comme Jésus, j'ai le cercle d...

  • [...] A l'instant qu'on l'appelle, arrivant plein d'audace,
    Au haut de l'alphabet l'A s'arroge sa place,
    Alerte, agile, actif, avide d'apparat,
    Tantôt, à tout hasard, il marche avec éclat ;
    Tantôt d'un accent grave acceptant des entraves,
    Il a dans son pas lent l'allure des esclaves,
    A s'adonner au mal quand il est résolu,
    Avide, atroce, affreux, arrogant,...

  • Quand le premier chantre du monde
    Expira sur les bords glacés
    Où l'Èbre effrayé, dans son onde,
    Reçut ses membres dispersés,
    Le Thrace, errant sur les montagnes,
    Remplit les bois et les campagnes
    Du cri perçant de ses douleurs ;
    Les champs de l'air en retentirent,
    Et dans les antres qui gémirent
    Le lion répandit des pleurs.

    La...

  • Nous fûmes donc au château d'If.
    C'est un lieu peu récréatif.
    Défendu par le fer oisif
    De plus d'un soldat maladif,
    Qui, de guerrier jadis actif,
    Est devenu garde passif.
    Sur ce roc taillé dans le vif,
    Par bon ordre on retient captif,
    Dans l'enceinte d'un mur massif,
    Esprit libertin, coeur rétif
    Au salutaire correctif
    D'un parent...

  • (A Mlle Rose de la Taille, sa cousine)

    Aux uns plaît l'azur d'une fleur
    Aux autres une autre couleur :
    L'un du lis, de la violette,
    L'autre blasonne de l'oeillet
    Les beautés ou d'autre fleurette
    L'odeur ou le teint vermeillet :
    A moi sur toute fleur déclose
    Plaît l'odeur de la belle rose.

    J'aime à chanter de cette fleur
    Le teint...

  • C'est trop pleuré, c'est trop suivi tristesse,
    Je veux en joie ébattre ma jeunesse,
    Laquelle encor comme un printemps verdoie :
    Faut-il toujours qu'à l'étude on me voie ?
    C'est trop pleuré.

    Mais que me sert d'entendre par science
    Le cours des cieux, des astres l'influence,
    De mesurer le ciel, la terre et l'onde,
    Et de voir même en un papier le...

  • Qui d'un poëte entend suivre la trace
    En traduisant, et proprement rimer,
    Ainsi qu'il faut la diction limer,
    Et du françois garder la bonne grace,

    Par un moyen luy conviendra qu'il face
    Egale au vif la peinture estimer
    L'art en tous pointz la Nature exprimer
    Et d'un corps naistre un corps de mesme face :

    Mais par sus tout met son...