• Comme le corps ne permect point de veoir,
    A son esprit, ny sçauoir sa puissance :
    Ainsi l’erreur, qui tant me faict avoir
    Deuant les yeulx le bandeau d’ignorance,
    Ne m’à permis d'auoir la congnoissance
    De celuy là, que pour pres le chercher
    Les Dieux avoient voulu le m’approcher :
    Mais si hault bien ne m’àsceu apparoistre.
    Parquoy a droict l’on...

  • Prenez le cas, que, comme je suis vostre
    (Et estre veulx) vous soyez tout a moy :
    Certainement par ce commun bien nostre
    Vous me deburiez tel droict, que je vous doy.
    Et si Amour vouloit rompre sa Loy,
    Il ne pourroit l'un de nous dispencer,
    S'il ne vouloit contrevenir a soy,
    Et vous, & moy, & les Dieux offencer.

    Prenez le cas que,...

  • Je veux qu'on sçache au vray comme elle estoit armee
    Lors qu'elle print mon coeur au dedans de son fort,
    De peur qu'à ma raison on n'en donne le tort,
    Et de m'avoir failli qu'elle ne soit blasmee.

    Sa douceur, sa grandeur, ses yeulx, sa grace aimee,
    Fut le reng qui premier fit sur moy son effort ;
    Et puis de ses vertus un autre reng plus fort,
    Et...

  • Comme le corps ne permet point de voir
    À son esprit, ni savoir sa puissance :
    Ainsi l'erreur, qui tant me fait avoir
    Devant les yeux le bandeau d'ignorance,
    Ne m'a permis d'avoir la connaissance
    De celui-là que, pour près le chercher,
    Les Dieux avaient voulu le m'approcher :
    Mais si haut bien ne m'a su apparaître.

    Parquoi à droit l'on me...

  • Si je n'ai pu comme voulois
    Vous réciter au long, et dire
    Ce de quoi tant je me doulois,
    Imputez-le à mon coeur plein d'ire,
    Pour n'avoir pu ouïr médire.
    Du bien, que je dois estimer,
    Et pour qui on devrait maudire
    Tous ceux qui m'en veulent blâmer.

    (Rymes XXIX)

  • Prenez le cas que, comme je suis vôtre -
    Et être veux - vous soyez tout à moi :
    Certainement par ce commun bien nôtre
    Vous me devriez tel droit que je vous dois.

    Et si Amour voulait rompre sa Loi,
    Il ne pourrait l'un de nous dispenser,
    S'il ne voulait contrevenir à soi,
    Et vous, et moi, et les Dieux offenser.

    (Rymes XXVI)

  • Ses pieds sont donc percez (comme il avait predit)
    Percée est sa main gauche : et sa droite est percée :
    Sa peau, par trop tenduë, est par tout crevacée :
    Et ses os sont comptez par ce peuple maudit.

    Or nos durs Circoncis craignans qu'il ne rendit
    L'esprit auparavant que la Croix fut dressée
    S'escrient qu'on l'esleve : et la troupe amassée
    Des...

  • Comme ces assassins faignent d'avoir grand soin
    De traitter cette cause en termes de justice,
    Voicy de toutes parts maint et maint faux tesmoin
    Qui tasche d'attacher l'innocent au supplice.

    Mais, quoy que ces menteurs colorent leur malice
    Tant qu'il leur est possible, ils s'égarent si loin
    Qu'ils ne disent en fin rien qui se compatisse,
    Qui vray...

  • Mais si mon foible corps (qui comme l'eau s'escoule)
    Et s'affermit encor plus longtemps qu'un plus fort)
    S'avance à tous moments vers le sueil de la mort,
    Et que mal dessus mal dans le tombeau me roule,

    Pourquoy tiendray-je roide à ce vent qui saboule
    Le Sablon de mes jours d'un invincible effort ?
    Faut-il pas resveiller cette Ame qui s'endort,
    De...

  • Si j'avais comme vous, mignardes colombelles,
    Des plumages si beaux sur mon corps attachés,
    On aurait beau tenir mes esprits empêchés
    De l'indomptable fer de cent chaînes nouvelles,

    Sur les ailes du vent je guiderais mes ailes,
    J'irais jusqu'au séjour où mes biens sont cachés,
    Ainsi, voyant de moi ces ennuis arrachés,
    Je ne sentirais plus ces absences...