On exposait une peinture
Où l'artisan avait tracé
Un Lion d'immense stature
Par un seul homme terrassé.
Les regardants en tiraient gloire.
Un Lion en passant rabattit leur caquet.
"Je vois bien, dit-il, qu'en effet
On vous donne ici la victoire ;
Mais l'Ouvrier vous a déçus :
Il avait liberté de feindre.
Avec plus de raison nous aurions le...
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Un homme qui s'aimait sans avoir de rivaux
Passait dans son esprit pour le plus beau du monde.
Il accusait toujours les miroirs d'être faux,
Vivant plus que content dans son erreur profonde.
Afin de le guérir, le sort officieux
Présentait partout à ses yeux
Les Conseillers muets dont se servent nos Dames :
Miroirs dans les logis, miroirs chez les Marchands,... -
Un Homme vit une Couleuvre.
Ah ! méchante, dit-il, je m'en vais faire une ?uvre
Agréable à tout l'univers.
A ces mots, l'animal pervers
(C'est le serpent que je veux dire
Et non l'homme : on pourrait aisément s'y tromper),
A ces mots, le serpent, se laissant attraper,
Est pris, mis en un sac ; et, ce qui fut le pire,
On résolut sa mort, fût-il coupable... -
Qui ne court après la Fortune ?
Je voudrais être en lieu d'où je pusse aisément
Contempler la foule importune
De ceux qui cherchent vainement
Cette fille du sort de Royaume en Royaume,
Fidèles courtisans d'un volage fantôme.
Quand ils sont près du bon moment,
L'inconstante aussitôt à leurs désirs échappe :
Pauvres gens, je les plains, car on a pour les... -
Certain Païen chez lui gardait un Dieu de bois,
De ces Dieux qui sont sourds, bien qu'ayants des oreilles.
Le païen cependant s'en promettait merveilles.
Il lui coûtait autant que trois.
Ce n'étaient que voeux et qu'offrandes,
Sacrifices de boeufs couronnés de guirlandes.
Jamais Idole, quel qu'il fût,
N'avait eu cuisine si grasse,
Sans que pour tout ce... -
... Tout cela qui sent l'homme à mourir me convie,
En ce qui est hideux je cherche mon confort :
Fuyez de moi, plaisirs, heurs, espérance et vie,
Venez, maux et malheurs et désespoir et mort !
Je cherche les déserts, les roches égarées,
Les forêts sans chemin, les chênes périssants,
Mais je hais les forêts de leurs feuilles parées,
Les séjours... -
Homme est un mot qui ne caractérise
Qu'un animal, ainsi qu'ours et lion ;
Son naturel est erreur et sottise,
Malignité, superbe, ambition ;
Il naît et meurt ; et mort, on le méprise.
De son destin orgueilleux, on le voi
Fouler la terre en pays de conquête,
Que la raison a soumis à sa loi ;
Il n'est plus que la première bête
De ce séjour... -
Le coeur de l'homme est l'énigme du Sphinx ;
Si l'on pouvait avec les yeux du Linx,
De ses replis éclairer la souplesse,
L'oeil étonné, de maints hauts faits vantés
Démêlerait les ressorts effrontés
Dont un prestige a fardé la bassesse.
Ces Conquérans, sous les noms imposteurs
De liberté, de soutiens, de vengeurs,
A l'oeil surpris découvriraient peut-... -
et de la résistance que la Grâce trouve en lui
(Fragment)
" Vien vien, me dites-vous, appaiser ma colere,
Change en respect tous tes mépris,
J'ai toûjours de l'amour, et je suis toûjours Pere
Ne veux-tu plus estre mon fils ?
Si tu n'aimes un Pere, au moins redoute un Juge,
Prens toy-mesme pitié de toy ;
Contre moy quel moyen de... -
Tous les hommes sont l'Homme ; et pas plus que les cieux
Le droit n'a de rivages ;
Ma sombre liberté sent le poids monstrueux
De tous les esclavages.
Avec tout prisonnier je me sens enfermé ;
Ses chaînes sont les nôtres ;
Guerre aux rois! Délivrance! Un seul peuple opprimé
Opprime tous les autres.