• On le croyait fondateur de la ville,
    Venu des pays clairs et lointains
    Vers ceux d’Europe — avec sa pauvre crosse en main,
    Et grand, sous sa bure servile.

    Pour se faire écouter il parlait par miracles,
    En des clairières d’or, le soir, dans les forêts,
    Où des granits carraient leurs symboles épais,
    Et tonnaient leurs oracles.

    ...

  • Au carrefour des abattoirs et des casernes,
    Il apparaît, foudroyant et vermeil,
    Le sabre en bel éclair sous le soleil.

    Masque d’airain, casque et panache d’or ;
    Et l’horizon, là-bas, où le combat se tord,
    Devant ses yeux hallucinés de gloire !

    Un élan fou, un bond brutal
    Jette en avant son geste et son cheval
    Vers la victoire...

  • L’usine vibre au loin, sous ses toits longs et lourds,
    Parmi les terrains roux et les noires venelles ;
    Et l’orage captif, qui roule et gronde en elle,
    Fait trembler les carreaux aux fenêtres du bourg.

    Comme une bête étend sa ferme et souple échine,
    Elle allonge sa force au centre des travaux ;
    Et l’on dirait qu’au fond d’elle règne un cerveau
    Qui...

  • Se regardant avec les yeux cassés de leurs fenêtres
    Et se mirant dans l’eau de poix et de salpêtre
    D’un canal droit, tirant sa barre à l’infini,
    Face à face, le long des quais d’ombre et de nuit
    Par à travers les faubourgs lourds
    Et la misère en guenilles de ces faubourgs,
    Ronflent terriblement les fours et les fabriques.

    Rectangles...

  • LES USINES DE GUERRE

    I

    Avec les mille éclats de ses mille tonnerres,
    Se glissant sous le sol, ou montant vers les cieux,
    Avec tous ses marteaux, ses enclumes, ses feux,
    La fumante industrie enveloppe la guerre.

    À la voir s’exalter...

  • LE VALET DE CŒUR

    Au bal de la Reine de Pique

    Un valet rouge est aperçu.
    « Toi, l’As, pourquoi l’avoir reçu

    Par ta poterne trilobique ? »

    ...
  • L’or migrateur qui passe où s’exalte la force
    Avait choisi jadis, en son vol arrogant,
    Pour double colombier glorieux, Bruge et Gand,
    Dont les beffrois dressaient, au grand soleil, leurs torses.

    Les deux cités dardaient un pouvoir inégal,
    Mais un égal orgueil vers l’avenir splendide,
    Comme les deux Van Eyck — vastes cerveaux candides —
    Dressaient d’un...

  • Dès le matin, au seuil des bouges,

    Sous une tente ouverte à l’air,
    S’assoient les gais vanniers,
    Mêlant les osiers rouges
    Aux clairs osiers

    De leurs paniers.

    Les nasses et les clisses

    Par lots égaux se répartissent ;
    On fait toilette nette
    Aux...

  • LE VENT

    De part en part,

    À chaque angle, par chaque fente,
    Sous les averses,
    Les glaives nus du vent traversent

    Le corps en pierre de la tour.

     

    ...
  • Sur la bruyère longue infiniment.
    Voici le vent cornant Novembre,
    Sur la bruyère, infiniment,
    Voici le vent
    Qui se déchire et se démembre,
    En souffles lourds, battant les bourgs,
    Voici le vent.
    Le vent sauvage de Novembre.

    Aux puits des fermes,
    Les sceaux de fer et les poulies
    Grincent ;
    Aux citernes des...