• ... Usons ici le fiel de nos fâcheuses vies,
    Horriblant de nos cris les ombres de ces bois :
    Ces roches égarées, ces fontaines suivies
    Par l'écho des forêts répondront à nos voix.

    Les vents continuels, l'épais de ces nuages,
    Ces étangs noirs remplis d'aspics, non de poissons,
    Les cerfs craintifs, les ours et lézardes sauvages
    Trancheront leur...

  • Diane, ta coutume est de tout déchirer,
    Enflammer, débriser, ruiner, mettre en pièces,
    Entreprises, desseins, espérances, finesses,
    Changeant en désespoir ce qui fait espérer.

    Tu vois fuir mon heur, mon ardeur empirer,
    Tu m'as sevré du lait, du miel de tes caresses,
    Tu resondes les coups dont le coeur tu me blesses,
    Et n'as autre plaisir qu'à me faire...

  • Le Soleil couronné de rayons et de flammes
    Redore nostre aube à son tour :
    Ô sainct Soleil des Saincts, Soleil du sainct amour,
    Perce de flesches d'or les tenebres des ames
    En y rallumant le beau jour.

    Le Soleil radieux jamais ne se courrouce,
    Quelque fois il cache ses yeux :
    C'est quand la terre exhalle en amas odieux
    Un voile de vapeurs qu'au...

  • Un clairvoyant faucon en volant par rivière
    Planait dedans le ciel, à se fondre apprêté
    Sur son gibier blotti. Mais voyant à côté
    Une corneille, il quitte une pointe première.

    Ainsi de ses attraits une maîtresse fière
    S'élevant jusqu'au ciel m'abat sous sa beauté,
    Mais son vouloir volage est soudain transporté
    En l'amour d'un corbeau pour me laisser...

  • Sous un oeil languissant et pleurant à demi,
    Sous un humble maintien, sous une douce face,
    Tu cache un faux regard, un éclair de menace,
    Un port enorgueilli, un visage ennemi.

    Tu as de la douceur, mais il y a parmi
    Les six parts de poison ; dessous ta bonne grâce,
    Un dédain outrageux à tous coups trouve place.
    Tu aimes l'adversaire et tu hais ton ami...

  • Mais quoi ! c'est trop chanté, il faut tourner les yeux
    Éblouis de rayons dans le chemin des cieux.
    C'est fait, Dieu vient régner, de toute prophétie
    Se voit la période à ce point accomplie.
    La terre ouvre son sein, du ventre des tombeaux
    Naissent des enterrés les visages nouveaux :
    Du pré, du bois, du champ, presque de toutes places
    Sortent les corps...

  • Est-il donc vrai qu'il faut que ma vue enchantée
    Allume dans mon sein l'homicide désir
    Qui fait haïr ma vie, et pour elle choisir
    L'aisé saccagement de ma force domptée !

    Puis-je.voir sans pleurer ma raison surmontée.
    Laisser mon sens captif par la flamme périr ?
    Puis-je voir la beauté qui me contraint mourir
    Se rire en sa blancheur de moi...

  • Dieu quel amas herissé de mutins, quel peuple ramassé !
    Ô que de folles rumeurs, et que de vaines fureurs !
    Ils ont dit : Cet homme est misérable, le pauvre ne sent prest
    Rien de secours de ce lieu, rien de la force de Dieu.
    Mais c'est mentir à eux : Dieu des miens contre mes haineux
    Est le pavois seur et fort, contre le coup de la mort.
    Par lui je hausse le front...

  • N'a doncques peu l'amour d'une mignarde rage,
    D'un malheur bien heureux, d'un malheureux bonheur
    Combattre votre ennui, et mêler la couleur
    D'un oeillet, sur le lys de votre blanc visage !

    C'est à cette blancheur, que l'amour fait hommage,
    C'est l'honneur de vos yeux, c'est encor' l'autre honneur
    Qui rit en votre front. Mais c'est plutôt malheur
    Qu'un...

  • Mes volages humeurs, plus stériles que belles,
    S'en vont, et je leur dis : " Vous sentez, hirondelles,
    S'éloigner la chaleur et le froid arriver.
    Allez nicher ailleurs pour ne fâcher, impures,
    Ma couche de babil et ma table d'ordures ;
    Laissez dormir en paix la nuit de mon hiver. "

    D'un seul point le soleil n'éloigne l'hémisphère ;
    Il jette moins d'...