Est-il donc vrai qu'il faut que ma vue enchantée

Est-il donc vrai qu'il faut que ma vue enchantée
Allume dans mon sein l'homicide désir
Qui fait haïr ma vie, et pour elle choisir
L'aisé saccagement de ma force domptée !

Puis-je.voir sans pleurer ma raison surmontée.
Laisser mon sens captif par la flamme périr ?
Puis-je voir la beauté qui me contraint mourir
Se rire en sa blancheur de moi ensanglantée ?

Je maudis les fiertés, les beautés et les cieux,
Je maudis mon vouloir, mon désir et mes yeux,
Je louerais les beautés, cieux et persévérance,

Si sa beauté voulait animer sa pitié,
Si les cieux inclinaient sur moi son amitié,
La dure fermeté, si elle était constance.

Collection: 
1572

More from Poet

  • Soubs la tremblante courtine
    De ces bessons arbrisseaux,
    Au murmure qui chemine
    Dans ces gazouillans ruisseaux,
    Sur un chevet touffu esmaillé des couleurs
    D'un million de fleurs,

    A ces babillars ramages
    D'osillons d'amour espris,
    Au fler des roses...

  • Je sens bannir ma peur et le mal que j'endure,
    Couché au doux abri d'un myrte et d'un cyprès,
    Qui de leurs verts rameaux s'accolant près à près
    Encourtinent la fleur qui mon chevet azure !

    Oyant virer au fil d'un musicien murmure
    Milles nymphes d'argent, qui de...

  • Pressé de désespoir, mes yeux flambants je dresse
    À ma beauté cruelle, et baisant par trois fois
    Mon poignard nu, je l'offre aux mains de ma déesse,
    Et lâchant mes soupirs en ma tremblante voix,
    Ces mots coupés je presse :

    " Belle, pour étancher les flambeaux de...

  • Auprès de ce beau teint, le lys en noir se change,
    Le lait est basané auprès de ce beau teint,
    Du cygne la blancheur auprès de vous s'éteint
    Et celle du papier où est votre louange.

    Le sucre est blanc, et lorsqu'en la bouche on le range
    Le goût plait, comme fait le...

  • Voici la mort du ciel en l'effort douloureux
    Qui lui noircit la bouche et fait saigner les yeux.
    Le ciel gémit d'ahan, tous ses nerfs se retirent,
    Ses poumons près à près sans relâche respirent.
    Le soleil vêt de noir le bel or de ses feux,
    Le bel oeil de ce monde...