Dieu qui est Un en Trois, par pois, nombre, et mesure
Crea, feist, et forma de sa Parole et Vois
Ce grand Tout, mon Toustain, ce grand Tout que tu vois
Parfait et accomply d'admirable structure :
Et ne se trouve rien en toute la Nature
Sans la dimension, sans le nombre, et le pois,
Ni artisan apris qui n'observe ces trois
S'il veut du grand Ouvrier...
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Comme le beau Soleil de sourgeon perennel
Dardant son ray subtil penetre une verriere
Sans le verre casser, et sans que sa lumiere
Il retranche d'avec son pur rayon isnel :
Ainsi nous envoya Dieu le Pere eternel
Son Verbe et sa splendeur dedans la Vierge entiere,
Sans fendre son Christal ni rompre sa barrière,
Et sans se separer du sourgeon... -
Au Temple que bastit le Roy paisible et sage
Dedans Jerusalem, une viz on montoit,
Et quinze grans dégrez en la viz on contoit
Avant que parvenir jusqu'au troisième estage.
De la vient que David par son divin présage
Sur les quinze dégrez, quinze Pseaumes chantoit,
Alors qu'à l'Eternel ses veus il présentoit
Dedans le Pavillon du Sacré Tesmoignage... -
pour estrenes le premier jour de l'an 1570
Ainsi que le Soleil qui les ans nous compasse
Au compas de son char l'autre ayant compassé,
Vient compasser cestuy apres le viel passé
Et d'un compassement l'un dedans l'autre enlace :
Ainsi mon Encyclie où meins cercles j'embrasse,
Au Compas de la plume ayant son Rond tracé,
Afin qu'au cours... -
Perce-moi l'estomac d'une amoureuse flèche,
Brûle tous mes désirs d'un feu étincelant,
Élève mon esprit d'un désir excellent,
Foudroie de ton bras l'obstacle qui l'empêche.
Si le divin brandon de ta flamme me sèche,
Fais sourdre de mes yeux un fleuve ruisselant :
Qu'au plus profond du coeur je porte recélant,
Des traits de ton amour la gracieuse... -
Obscure nuit, laisse ton noir manteau,
Va réveiller la gracieuse aurore,
Chasse bien loin le soin qui me dévore,
Et le discours qui trouble mon cerveau.
Voici le jour gracieux, clair et beau,
Et le soleil qui la terre décore,
Et je n'ai point fermé les yeux encore,
Qui font nager ma couche tout en eau.
Ombreuse nuit, paisible et... -
Le ciel avoit decouvert ses beaux yeus,
Pour eclairer la nuit sombre et obscure,
Quand j'apperceu la vive pourtraiture
De celle, ou git mon espoir gracieus.
Je fu trompé par l'espoir radieus
Que ses flambeaux jettoient à l'avanture,
Sur le plus haut de ma propre stature,
Qui luy servoit d'objet delicieus.
Si lustre étoit, et limpide sa... -
Si nôtre cors est la prison de l'ame,
Ou elle fait quelque tems sa demeure :
Il faut apres, qu'elle en est hors, il meure,
Elle spirant toujours celeste flame.
La terre est doncq' le cercueil et la lame
Du cors, qui mort ensepulchré demeure,
En attendant l'incertaine-extreme heure
Du jugement, que Juppiter nous trame.
Le cors fragil,... -
L'anneau madré qui le doigt environne,
Le petit doigt de vôtre main senestre
Par sa rondeur, le parfait de son estre,
L'heureuse fin de nos amours couronne.
Pourquoy est-ce que souvent je m'étonne
D'avoir mon coeur en si bon lieu pu mettre,
Que je n'en soy' aucunement plus maistre,
Et moins de moy, qui le vous abandonne ?
Faites ainsi du... -
J'ai passé mon printemps, mon été, mon automne ;
Voici le triste hiver qui vient finir mes voeux ;
Déjà de mille vents le cerveau me bouillonne ;
J'ai la face ridée et la neige aux cheveux.
D'un pas douteux et lent, à trois pieds je chemine,
Appuyant d'un bâton mes membres languissants,
Mes reins n'en peuvent plus, et ma débile échine
Se courbe...