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    Le vieux palais attend la princesse saxonne
    Qui des derniers Capets veut sauver les enfants ;
    Charlemagne, attentif à ses pas triomphants,
    Crie à Napoléon que Charles-Quint pardonne.

    Mais deux rois à la grille attendent en personne ;
    Quel est le souvenir qui les tient si tremblants
    Que l’aïeul aux yeux morts s’en retourne à pas lents,
    ...

  • Qu’a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
    Oh ! je le vois toujours ! j’y voudrais être encor !
    Au milieu des parfums j’y dormais sans défense,
    Et le soleil sur lui versait des rayons d’or.
    Peut-être qu’à cette heure il colore les roses,
    Et que son doux reflet tremble dans le ruisseau.
    Viens couler à mes pieds, clair ruisseau qui l’arroses ;
    Sous...

  • Azur ! c’est moi… Je viens des grottes de la mort
    Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,
    Et je revois les galères dans les aurores
    Ressusciter de l’ombre au fil des rames d’or.

    Mes solitaires mains appellent les monarques
    Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs ;
    Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs
    Et les...

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    Le cheval gigantesque est debout ; un grand rire
    L’entoure. Entends grincer le câble qui le tire,
    Et la foule le traîne et le pousse au jarret.
    Un dard qui vibre encor tremble à son flanc secret,
    Et quel mystère noir lui gonfle ainsi la panse ?
    Obèse et monstrueux, il oscille et s’avance.
    Et chacun rit tout haut de la bête de bois.
    Le seul...

  • Au sortir de ce bal, nous suivîmes les grèves :
    Vers notre toit d’exil, au hasard du chemin,
    Nous allions ; une fleur se fanait dans sa main ;
    C’était par un minuit d’étoiles et de rêves !…

    Dans l’ombre, autour de nous, tombaient des flots foncés :
    Vers les lointains d’opale et d’or, sur l’Atlantique,
    L’outremer épandait sa lumière mystique :
    Les...

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    Au milieu de la mer qui sépare deux mondes,
    Un rocher presque nu s’élève sur les ondes,
    Et son sinistre aspect remplit l’âme de deuil :
    C’est là que tant de gloire est par la mort frappée ;
    Et l’on y voit un nom, une croix, une épée,…
    Tous trois jetés sur un cercueil !

    Ce nom pourra long-temps résonner dans l’histoire
    Car naguère, semblable au...

  • L'un chante les amours de la trop belle Hélène,
    L'un veut le nom d'Hector par le monde semer,
    Et l'autre par les flots de la nouvelle mer
    Conduit Jason gaigner les trésors de la laine.

    Moy je chante le mal qui à mon gré me meine :
    Car je veus, si je puis, par mes carmes charmer
    Un tourment, un soucy, une rage d'aimer,
    Et un espoir musard, le...

  • L'Amour de mes pensers, comme de son pinceau,
    Vous peint à mon esprit, si je clos ma paupière
    Je vous vois en dormant, si je suis sans lumière,
    Pour m'éclairer de nuit vous êtes mon flambeau.

    Si je suis sur la terre, ou si je suis sur l'eau,
    Vous me suivez sur terre, et dessus la rivière :
    Car je vous vois toujours et devant et derrière,
    La croupe du...

  • Je suis triste, ma reine,
    Que mon coeur, mon coeur a de peine,
    Je suis triste, ma reine,
    D'être si loin de vous.

    Je vous ai vue à peine,
    Que mon coeur, mon coeur a de peine,
    Je vous ai vue à peine
    Près du Fossé-aux-Loups.

    Mon âme est pleine, pleine,
    Que mon coeur, mon coeur a de peine,
    Mon âme est pleine, pleine
    De vers...

  • Pour un dizain que gagnâtes mardi,
    Cela n'est rien, je ne m'en fais que rire,
    Et fut très aise alors que le perdis,
    Car aussi bien je voulais vous écrire
    Et ne savais bonnement que vous dire,
    Qui est assez pour se tenir tout coi.
    Or, payez-vous, je vous baille de quoi,
    D'aussi bon coeur que si je le donnaie ;
    Que plût à Dieu que ceux à qui je...