• La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance
    Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
    Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants
    Cette chanson d'amour qui toujours recommence ? ...

    Reconnais-tu le TEMPLE au péristyle immense,
    Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
    Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
    Où du dragon vaincu...

  • qui m'avait donné son livre du Rhin

    De votre amitié, maître, emportant cette preuve
    Je tiens donc sous mon bras "le Rhin". - J'ai l'air d'un fleuve
    Et je me sens grandir par la comparaison.

    Mais le Fleuve sait-il lui pauvre Dieu sauvage
    Ce qui lui donne un nom, une source, un rivage,
    Et s'il coule pour tous quelle en est la raison.

    Assis...

  • En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
    Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
    Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
    L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.

    Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
    Une vallée humide et de lilas couverte,
    Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, -
    Et la route et le bruit sont...

  • I

    Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras
    Sous les arbres sacrés, comme font les poètes,
    Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes,
    Et se jugea trahi par des amis ingrats ;

    Il se tourna vers ceux qui l'attendaient en bas
    Rêvant d'être des rois, des sages, des prophètes...
    Mais engourdis, perdus dans le sommeil des bêtes,
    Et...

  • Il est un air pour qui je donnerais
    Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
    Un air très-vieux, languissant et funèbre,
    Qui pour moi seul a des charmes secrets.

    Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
    De deux cents ans mon âme rajeunit :
    C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre
    Un coteau vert, que le couchant jaunit,

    Puis un...

  • Quand les feux du soleil inondent la nature,
    Quand tout brille à mes yeux et de vie et d'amour,
    Si je vois une fleur qui s'ouvre, fraîche et pure,
    Aux rayons d'un beau jour ;

    Si des troupeaux joyeux bondissent dans la plaine,
    Si l'oiseau chante au bois où je vais m'égarer,
    Je suis triste et de deuil me sens l'âme si pleine
    Que je voudrais pleurer....

  • Non, laisse-moi, je t'en supplie ;
    En vain, si jeune et si jolie,
    Tu voudrais ranimer mon coeur :
    Ne vois-tu pas, à ma tristesse,
    Que mon front pâle et sans jeunesse
    Ne doit plus sourire au bonheur ?

    Quand l'hiver aux froides haleines
    Des fleurs qui brillent dans nos plaines
    Glace le sein épanoui,
    Qui peut rendre à la feuille morte
    ...

  • Il a vécu tantôt gai comme un sansonnet,
    Tour à tour amoureux insoucieux et tendre,
    Tantôt sombre et rêveur comme un triste Clitandre.
    Un jour il entendit qu'à sa porte on sonnait.

    C'était la Mort ! Alors il la pria d'attendre
    Qu'il eût posé le point à son dernier sonnet ;
    Et puis sans s'émouvoir, il s'en alla s'étendre
    Au fond du coffre froid où son...

  • I

    De toutes les belles choses
    Qui nous manquent en hiver,
    Qu'aimez-vous mieux ? - Moi, les roses ;
    - Moi, l'aspect d'un beau pré vert ;
    - Moi, la moisson blondissante,
    Chevelure des sillons ;
    - Moi, le rossignol qui chante ;
    - Et moi, les beaux papillons !

    Le papillon, fleur sans tige,
    Qui voltige,
    Que l'on cueille en un...

  • O toi dont le pouvoir remplit l'immensité,
    Suprême ordonnateur de ces célestes sphères
    Dont j'ai voulu jadis, en ma témérité,
    Calculer les rapports et sonder les mystères ;
    Esprit consolateur, reçois du haut du ciel
    L'unique et pur hommage
    D'un des admirateurs de ton sublime ouvrage,
    Qui brûle de rentrer en ton sein paternel !

    Un peuple entier,...