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    TOUT pleins de caresses vermeilles
    Des frissons d’or venus du ciel,
    S’envolent, comme des abeilles
    De ta chevelure de miel.

    Et ces filles de la lumière,
    L’aile vibrante de plaisir,
    Ont fait de ta blonde crinière
    La ruche où pose mon désir.

    Leur essaim sur tes lèvres fraîches
    Des roses laissa la clarté ;
    Mais tout le poison...

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    COMME le vol d’une hirondelle,
    Sur un ciel d’aube aux blancs rideaux,
    Double, en passant, une ombre d’aile,
    Se dessinent tes noirs bandeaux.

    Leur ombre jumelle se joue
    Sur le ciel de ton front qui luit,
    Et, jusqu’aux roses de tes joues
    De sa corolle étend la nuit.

    Avant que l’hiver n’effarouche
    L’oiseau fidèle, si tu veux,
    ...

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    DEPUIS qu’Aphrodite la blonde
    Jaillit des bras du flot amer,
    Mieux qu’à nous, fidèles à l’onde,
    Les femmes ont aimé la mer.

    Et la Mer a gardé pour elles
    Le tendre regard d’un amant ;
    Elle vient baiser leurs pieds frêles
    Avec un doux gémissement.

    L’écume de ses flots plus calmes
    Que l’orage ne gonfle pas
    Vient poser l’argent...

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    LA vie est implacable et lâche
    Et n’est clémente qu’aux méchants ;
    Car elle meurtrit sans relâche
    Les cœurs vers le devoir penchants.

    C’est la marâtre qui torture ;
    C’est la courtisane qui ment,
    Et tout, dans la grande nature,
    N’est qu’ironie et que tourment.

    Gloire à ceux qui, bravant le doute,
    Et, d’eux-mêmes bornant leurs pas,...

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    « Eripuit cælo fulmen. »

    I

    DEVANT les splendeurs d’un autre-âge,
    Les siècles longtemps prosternés
    Tendaient vainement leur courage
    Vers la gloire de leurs aînés.
    Les spectres de Rome et d’Athènes
    Voilaient, de leurs ailes lointaines,
    La route à la postérité
    Et l’avenir demeuré sombre,
    ...

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    AYANT écrit ces vers ainsi qu’un testament
    Où du peu que je fus quelque chose demeure,
    Il n’importe aujourd’hui que je vive ou je meure,
    Pourvu qu’ils aient conté mon immortel tourment !

    Pourvu qu’ils aient charmé, ne fût-ce qu’un moment,
    Fugitifs et lointains comme une voix qui pleure,
    Celle dont je serai, jusqu’à la dernière heure,
    Le triste...

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    I

    J’ADORE ta Beauté, pour ce qu’elle est pareille
    A mon Rêve immortel et me parle des cieux,
    Comme un hymne lointain qui chante à mon oreille.

    Elle évoque les jours longs et délicieux
    Que j’ai vécus, sans doute, en attendant la vie,
    Dans quelque monde obscur où mon cœur soucieux

    Cherche éternellement l’illusion ravie.
    C’est ce lent...

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    Je pense quelquefois qu’à ceux-là seulement
    Que vierges elle a pris, la Mort laisse leur âme
    Comme une récompense ou comme un châtiment.

    Ils aimeront ailleurs plus implacablement,
    Ces âpres dédaigneux de l’amour de la femme ;
    — Car, plus que nos désirs, leurs rêves sont cruels.

    Et seuls, ils connaîtront, après l’humaine vie,
    L’éternel...

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    POURSUIVRE ce qui fuit, rêver ce qu’on ignore,
    S’ouvrir une blessure impossible à guérir,
    Hâter la trahison que garde l’avenir
    A ceux que l’idéal implacable dévore ;

    Fuir ce qu’on peut aimer, chercher ce qu’on adore,
    Ce qui peut-être est mort ou vous fera mourir,
    C’est folie et pitié I Car nul ne sait encore
    Si le bien de savoir vaut le mal de...

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    Plus haut que le vol des ibis
    Et la pointe des granits roses,
    Et les pyramides moroses,
    Et le vieux temple d’Anubis,

    Des âmes rêvent, endormies :
    Les âmes d’hommes anciens
    Qui furent les Égyptiens
    Et ne sont plus que les momies.

    — Elles rêvent, — et doucement,
    Sur le sistre étoile des nues,
    Modulent des chansons connues...