• Ne vous étonnez pas, objets sacrés et doux,
    Si quelqu'air de tristesse obscurcit mon visage.
    Quand un savant crayon dessinait cette image
    J'attendais l'échafaud et je pensais à vous.

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    Il renaît triomphant le mois, où nos guérets
    Perdent les blonds épis, dont les orna Cérès ;
    Il fait reluire aux yeux de la terre étonnée
    Les plus belles des nuits, que dispense l’année.
    Que leur empire est frais ! Qu’il est doux ! Qu’il est pur !
    Qui jamais vit au ciel un plus riant azur ?
    Pour inviter ma muse à prolonger sa veille,
    Il étale à...

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    Des cavernes du nord l’hyver s’est échappé.
    Il revient, de frimats encor enveloppé,
    À la faveur des nuits secouer la froidure,
    Glacer la tendre aurore, effrayer la verdure,
    Et des tyrans de l’air à grand bruit escorté,
    Flétrir dans les jardins le printems attristé.
    Imprudens arbrisseaux, qui trop pressés d’éclore
    Cachiez vos fruits naissans...

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    Sur un char paresseux, le soleil tristement
    Se lève, enveloppé d’un sombre vêtement.
    Quelle affreuse pâleur deshonnore sa face ?
    Comme rapidement sa lumière s’efface !
    De l’empire des airs n’est-il donc plus le roi ?
    Qu’a-t-il fait de ses traits ? Où sont-ils ? Et pourquoi
    Si long-tems à la nuit abandonner son trône ?
    Est-ce là ce vainqueur que...

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    Ambitieux rival des maîtres de la lyre,
    Qu’un autre des guerriers échauffe le délire ;
    Qu’un autre, mariant de coupables couleurs,
    Soit le peintre du vice, et le pare de fleurs :
    Moi, voué jeune encor à de plus nobles veilles,
    Moi, qui de la nature observai les merveilles,
    J’aime mieux du soleil chanter les douze enfans,
    Qui d’un pas inégal le...

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    Onze fois, d’une mer couverte de naufrages,
    Ma nef à pleine voile à trompé les orages :
    L’avoûrai-je pourtant ? Interdit et troublé,
    Souvent près des écueils mon courage a tremblé.
    Je sens même, en dépit de l’espoir que j’embrasse,
    Qu’aujourd’hui mon vaisseau reviendroit sur sa trace,
    Si le port, d’où long-temps m’ont écarté les dieux,
    Au bout...

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    L’univers existoit : mais l’univers encore
    Ne voyoit point regner l’ordre qui le décore.
    Enfin à ce grand-tout un dieu donna des loix,
    Et destinant chaque être à d’éternels emplois,
    Lui marqua son séjour, son rang et sa durée.
    Il déploya des cieux la tenture azurée,
    Du soleil sur son trône en fit le pavillon,
    Voulut qu’il y regnât, et qu’à son...

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    Du mois, cher à Vénus, la course est terminée.
    Son frère, nouveau roi des beaux jours de l’année,
    Descendu de l’éther sur un nuage d’or,
    Aux grâces du printems vient ajouter encor.
    Propice aux doctes soeurs, il attend leur hommage ;
    Il vient le réclamer. Ah ! Puisse son image
    Respirer aussi fraîche, aussi belle en mes vers
    Que les fleurs, dont...

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    Grossis par le torrent des nèges écoulées,
    Les fleuves vagabonds roulent dans les vallées ;
    Et les rochers de glace aux Alpes suspendus,
    Sous un ciel plus propice amollis et fondus,
    Se changent en vapeurs, et pèsent sur nos têtes.
    La mer gronde ; les vents précurseurs des tempêtes
    Courent d’un pôle à l’autre, et tourmentant les flots,
    Entourent...

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    Les vents sont accourus : leur troupe déchaînée
    Déjà vers son déclin précipite l’année.
    Déjà n’offrant par-tout qu’un aride coup-d’oeil,
    L’automne se dépouille ; et la forêt en deuil,
    Impuissante à garder un reste de verdure,
    Sent mourir tous ses sucs liés par la froidure.
    Le ciel même est changé. L’aurore au front vermeil
    Se cache : elle s’...