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    Douleur de voir une par une
    Les fleurs de sa jeunesse en fuite dans le vent,
    Et de les voir tomber sur le gazon mouvant
    Comme des larmes de la Lune.

    Douleur de voir diminué
    Son patrimoine ancien d’espérance et de rêve,
    Et d’être un grand oiseau perdu sur une grève,
    Qui bat de l’aile, exténué !

    Douleur d’avoir appris la vie,
    De ne...

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    La nuit vient, le couchant s’éteint comme un grand âtre,
    Le feuillage qui mue est moins vert que bleuâtre ;
    Et tel arbre, qui sous trop de soleil pliait,
    Cligne des feuilles, bouge, et s’avoue inquiet
    En un frémissement de douleur musicale.
    Entre les rameaux drus le couchant s’intercale
    Et met des fonds de rose ancien, de gris cendré
    Où le...

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    Quand le soir descendait, le soir attendrissant,
    Des amants chuchoteurs allaient le long des berges ;
    Des bruits d’orgues venaient des lointaines auberges
    Et la Lune attristait comme un portrait d’absent.

    Or, ces orgues pleurant parmi les vapeurs bleues
    Du brouillard qui semblait l’haleine de la nuit,
    Ces orgues dont l’espace alanguissait le bruit,...

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    J’avais vu ― l’an dernier ― au fond d’un cimetière
    Une petite tombe étroite et toute entière
    Recouverte de fleurs qui s’effeuillaient au vent.
    C’était le jour des Morts et la foule en rêvant
    Sentait près des défunts combien la vie est vaine.
    Tout était blanc sur ce tombeau ; pas une veine
    Dans le marbre caché sous un amas tremblant
    De roses,...

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    O toi qui t’en allais dans le soir taciturne
    O toi qui t’en allais,
    O toi qui remuais
    De la tristesse en toi comme une eau dans une urne,

    O toi dont la tristesse attira ma tristesse,
    Nous qui nous en allions
    Parmi la rue où le jour baisse,
    Évitant de marcher du côté des rayons,

    Nous qui nous en allions du côté de la rue
    Où l’ombre...

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    Je dis comme le Christ au jardin des Olives ;
    « Ô Seigneur, mon âme est triste jusqu’à la mort ! »
    Ayant beaucoup souffert, je n’ai pas de remords,
    Quand je trouve, le soir, que mes mains sont fautives.

    Parfums de Madeleine, où vous répandez-vous ?
    Il est enfin le temps où ma belle jeunesse
    Passait ― comme Jésus monté sur une ânesse
    Et sentant...

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    I

    Dans l’aurore s’éplore un octobre des pierres.
    Le vent vindicatif, après tant de saisons,
    — En des jours gris, des jours de souffrances plénières
    Ébranle la langueur des anciennes maisons
    Dont le front se lézarde en rides de vieillesse.

    Sombres murs avancés en âge ! Vieux logis
    De qui l’âme s’attarde aux rideaux défraîchis,
    Branlants...

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    I

    Péché ! Tentation du soir ! Chairs profanées,
    Lampe éteinte où ne brûle aucun reste de feu
    Lèvres ne sachant plus les douceurs de l’aveu,
    Et s’effeuillant pour tous comme des fleurs fanées.
     
    Chambres de volupté, rouge et flambant décor
    Dont les miroirs profonds redisent la féerie,
    Alcôves où la chair lamentable et fleurie
    Offre...

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    À Jules Bailly.

    I

    C’étaient vraiment des gens heureux. Ils étaient trois :
    Le père, adroit maçon parmi les plus adroits ;
    La mère, brave femme à peu prés du même âge,
    Qui travaillait en ville et soignait son ménage ;
    Enfin, pour compléter ce doux intérieur,
    Un garçon, un unique enfant frais et rieur,
    Que la...

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    Oh ! la pluie ! oh ! la pluie ! oh ! les lentes traînées
    De fils d’eau qu’on dévide aux fuseaux noirs du Temps
    Et qui semblent mouillés aux larmes des années,
    Oh ! la pluie ! oh ! l’automne et les soirs attristants !
    Oh ! la pluie ! oh ! la pluie ! oh ! les lentes traînées !

    Qui dira la douleur sombre du firmament,
    Route de cimetière avec d’...