• I

    Ce siècle, jeune encore, est déjà pour l'histoire
    Presque une éternité de malheurs et de gloire.
    Tous ceux qu'il a vus naître ont vieilli dans vingt ans.
    Il semble, tant sa place est vaste en leur mémoire,
    Qu'il ne peut achever ses destins éclatants
    Sans fermer avec lui le grand cercle des temps.

    Chez des peuples fameux,...

  • La ville ressemblait à l’univers. C’était
    Cette heure où l’on dirait que toute âme se tait,
    Que tout astre s’éclipse et que le monde change.
    Rome avait étendu sa pourpre sur la fange.
    Où l’aigle avait plané, rampait le scorpion.
    Trimalcion foulait les os de Scipion.
    Rome buvait, gaie, ivre et la face rougie ;
    Et l’odeur du tombeau sortait de cette...

  • III

                   

    Par votre ange envolée ainsi qu’une colombe !
    Par ce royal enfant, doux et frêle roseau !
    Grâce encore une fois ! grâce au nom de la tombe !
    Grâce au nom du berceau !

  • XX

    AU STATUAIRE DAVID

    I

    David ! comme un grand roi qui partage à des princes
    Les états paternels provinces par provinces,...

  • XXIII

    Comment, disaient-ils,
    Avec nos nacelles,
    Fuir les alguazils ?
    — Ramez, disaient-elles.

    Comment, disaient-ils,
    Oublier querelles,
    Misère et périls ?
    — Dormez, disaient-elles.

    Comment, disaient-ils,...

  • Ô vierges du zénith, nuées,
    Ô doux enfants de l’air, oiseaux,
    Blancheurs par l’aube saluées,
    Que contemple l’œil bleu des eaux ;

    Vous Ève nomma la première ;
    Vous pour qui le Dieu redouté
    Fit cet abîme, la Lumière,
    Et cette aile, la Liberté ;

    Vous qu’on voit, du gouffre où nous sommes,
    Dans le grand ciel mystérieux ;
    Vous qui n’...

  • Il sied de ressembler aux dieux. Ton Dieu, flamine,
    Dévore ses enfants ; ton Dieu, mage, extermine ;
    Augure, ton Dieu ment ; uléma, ton Dieu met
    La terre sous le sabre impur de Mahomet ;
    Ton Dieu, Rome, est l’agneau, mais il tette la louve ;
    Ô noir dominicain qui rêves, ton Dieu trouve
    Agréable l’odeur infâme des bûchers ;
    D’affreux temples, ayant pour...

  • I

    Semons ce qui demeure, ô passants que nous sommes !
    Le sort est un abîme, et ses flots sont amers.
    Au bord du noir destin, frères, semons des hommes,
    Et des chênes au bord des mers !

    Nous sommes envoyés, bannis, sur ce calvaire,
    Pour être vus de loin, d’en bas, par nos vainqueurs,
    Et pour faire germer par l’exemple sévère
    Des cœurs...

  • II

    Je suis en république, et pour roi j'ai moi-même.
    Sachez qu'on ne met point aux voix ce droit suprême ;
    Ecoutez bien, messieurs, et tenez pour certain
    Qu'on n'escamote pas la France un beau matin.
    Nous, enfants de Paris, cousins des Grecs d'Athènes,
    Nous raillons et frappons. Nous avons dans les veines
    Non du sang de...

  • I

    Si nous terminions cette guerre
    Comme la Prusse le voudrait,
    La France serait comme un verre
    Sur la table d'un cabaret ;

    On le vide, puis on le brise.
    Notre fier pays disparaît.
    O deuil ! il est ce qu'on méprise,
    Lui qui fut ce qu'on admirait.

    Noir lendemain ! l'effroi pour règle ;
    Toute lie est bue à...