je t'aime, avec ton oeil candide et ton air mâle,
Ton fichu de siamoise et ton cou brun de hâle,
Avec ton rire et ta gaîté,
Entre la Liberté, reine aux fières prunelles,
Et la Fraternité, doux ange ouvrant ses ailes,
Ma paysanne Egalité !
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Tout est pris d'un frisson subit.
L'hiver s'enfuit et se dérobe.
L'année ôte son vieil habit ;
La terre met sa belle robe.
Tout est nouveau, tout est debout ;
L'adolescence est dans les plaines ;
La beauté du diable, partout,
Rayonne et se mire aux fontaines.
L'arbre est coquet ; parmi les fleurs
C'est à qui sera la plus belle ;
... -
Puisque le gai printemps revient danser et rire,
Puisque le doux Horace et que le doux Zéphyre
M'attendent au milieu des prés et des buissons,
L'un avec des parfums, l'autre avec des chansons,
Puisque la terre en fleurs semble un tapis de Perse,
Puisque le vent murmure et dans l'azur disperse
La brume et la nuée en flottants archipels,
Il me plaît de... -
Un jour je vis le sang couler de toutes parts ;
Un immense massacre était dans l'ombre épars ;
Et l'on tuait. Pourquoi ? Pour tuer. Ô misère !
Voyant cela, je crus qu'il était nécessaire
Que quelqu'un élevât la voix, et je parlai.
Je dis que Montrevel et Bâville et Harlay
N'étaient point de ce siècle, et qu'en des jours de trouble
Par la noirceur de... -
Le soir, à la campagne, on sort, on se promène,
Le pauvre dans son champ, le riche en son domaine ;
Moi, je vais devant moi ; le poète en tout lieu
Se sent chez lui, sentant qu'il est partout chez Dieu.
Je vais volontiers seul. Je médite ou j'écoute.
Pourtant, si quelqu'un veut m'accompagner en route,
J'accepte. Chacun a quelque chose en l'esprit ;
Et... -
Nous étions, elle et moi, dans cet avril charmant
De l'amour qui commence en éblouissement.
Ô souvenirs ! ô temps ! heures évanouies !
Nous allions, le coeur plein d'extases inouïes,
Ensemble dans les bois, et la main dans la main.
Pour prendre le sentier nous quittions le chemin,
Nous quittions le sentier pour marcher dans les herbes.
Le ciel... -
J'aime le carillon dans tes cités antiques,
Ô vieux pays gardien de tes moeurs domestiques,
Noble Flandre, où le Nord se réchauffe engourdi
Au soleil de Castille et s'accouple au Midi !
Le carillon, c'est l'heure inattendue et folle,
Que l'oeil croit voir, vêtue en danseuse espagnole,
Apparaître soudain par le trou vif et clair
Que ferait en s'ouvrant une... -
Oh ! dis ! pourquoi toujours regarder sous la terre,
Interroger la tombe et chercher dans la nuit ?
Et toujours écouter, penché sur cette pierre
Comme espérant un bruit ?
T'imagines-tu donc que ceux que nous pleurâmes
Sont là couchés sous l'herbe, attentifs à nos pas ?
Crois-tu donc que c'est là qu'on retrouve les âmes ?
Songeur, ne sais-tu pas... -
Elle fait au milieu du jour son petit somme ;
Car l'enfant a besoin du rêve plus que l'homme,
Cette terre est si laide alors qu'on vient du ciel !
L'enfant cherche à revoir Chérubin, Ariel,
Ses camarades, Puck, Titania, les fées,
Et ses mains quand il dort sont par Dieu réchauffées.
Oh ! comme nous serions surpris si nous voyions,
Au fond de ce sommeil... -
Je me penche attendri sur les bois et les eaux,
Rêveur, grand-père aussi des fleurs et des oiseaux ;
J'ai la pitié sacrée et profonde des choses ;
J'empêche les enfants de maltraiter les roses ;
Je dis : N'effarez point la plante et l'animal ;
Riez sans faire peur, jouez sans faire mal.
Jeanne et Georges, fronts purs, prunelles éblouies,
Rayonnent au...