• XV

    Toujours le même fait se répète ; il le faut.
    Le trône abject s'adosse à l'illustre échafaud ;
    L'aigle semble inutile et ridicule aux grues ;
    On traîne Coligny par les pieds dans les rues ;
    Dante est fou ; Rome met à la porte Caton ;
    Et Rohan bat Voltaire à grands coups de bâton.
    Soyez celui qui lutte, aime, console,...

  •  
    Oh ! Comme tout devient terrible sur la mer !
    Ces noirs chanteurs chantant sans cesse le même air,
    Les flots, dressent leur blanche crête ;
    Et la nuée accourt, soufflant sur l’eau qui fuit
    Toute l’horreur du gouffre et tout ce que la nuit
    Contient de haine et de tempête ;

    Et voici l’ouragan qui monte en mugissant
    Avec un grincement de chaîne,...

  •  
    Tout était vision sous les ténébreux dômes ;
    J'aperçus dans l'espace étoilé trois fantômes ;
    Les deux premiers très-loin et le dernier plus près.
    Le premier spectre dit : — Mané Thécel Pharès.
    Son doigt levé montrait l'obscurité maudite ;
    Il ressemblait au sphinx monstrueux qui médite
    Dans Assur, accroupi parmi les dieux camards.
    Le second...

  • Certe, ô solitude,
    Je suis l'homme rude,
    Le songeur viril;
    Mais puis-je répondre
    De ce que fait fondre
    Un rayon d'avril?

    L'âme, ô lois obscures,
    A des aventures.
    Je vis absorbé,
    Pensée irritée,
    Comme Prométhée,
    Comme Niobé;

    L'aspect de l'abîme,
    La haine du crime,
    L'horreur, le dédain,
    Mettent dans ma...

  • Ce ne sont qu'horizons calmes et pacifiques;
    On voit sur les coteaux des chasses magnifiques;
    Le reste du pays, sous le ciel gris ou bleu,
    Est une plaine avec une église au milieu.
    Un lierre monstrueux à tige arborescente
    Qui sort de l'herbe, ainsi qu'une griffe puissante,
    Comme un des mille bras de Cybèle au front vert,
    Semble, en ce champ aride et...

  • Ce que vous appelez dans votre obscur jargon :
    Civilisation du Gange à l’Orégon,
    Des Andes au Thibet, du Nil aux Cordillères,
    Comment l’entendez-vous, ô noires fourmilières ?
    De toute votre terre interrogez l’écho.
    Voyez Lima, Cuba, Sydney, San-Francisco,
    Melbourne. Vous croyez civiliser un monde,
    Lorsque vous l’enfiévrez de quelque fièvre immonde,...

  • Aie une muse belluaire,
    Sinon tu seras dévoré.
    Le ciel t'offre un double suaire,
    L'un étoilé, l'autre azuré.
    Va, revêts-les l'un après l'autre;
    Et verse aux hommes, tour à tour,
    Justicier sombre ou tendre apôtre,
    Tantôt l'ombre et tantôt le jour.
    Sois la nuit qui montre les astres;
    Puis sois le soleil tout à coup,
    Témoin des biens et...

  • Et j'ajoute à ma lyre une corde d'airain.
    Les Feuilles d'Automne.

  •  
    Dieu dit au roi : Je suis ton Dieu. Je veux un temple.

    C'est ainsi, dans l'azur où l'astre le contemple,
    Que Dieu parla ; du moins le prêtre l'entendit.
    Et le roi vint trouver les captifs, et leur dit :
    — En est-il un de vous qui sache faire un temple ?
    — Non, dirent-ils. — J'en vais tuer cent pour l'exemple,
    Dit le roi. Dieu demande un temple en...

  • XXXIV

    Les champs n’étaient point noirs, les cieux n’étaient pas mornes.
    Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes
    Sur la terre étendu,
    L’air était plein d’encens et les prés de verdures
    Quand il revit ces lieux où par tant de...