• Je ne t'impute point l'amour que je te porte,
    D'un objet tout divin mes sens y sont forcez,
    Je sçay ce que tu vaux, Phyllis, et c'est assez,
    Et je sçay ce que c'est d'un Amant de ma sorte.

    N'apprehende donc point qu'un vain desir m'emporte,
    Ny que je vueille voir mes maux recompensez ;
    Je ne demande rien pour ceux qui sont passez,
    Je ne demande...

  • Je ne vay point aux coups exposer ma bedaine
    Moy qui ne suis connu n'y d'Armand ni du Roy ;
    Je veux sçavoir combien un poltron comme moy
    Peut vivre n'estant point Soldat ny Capitaine.

    Je mourrois, s'il falloit qu'au milieu d'une plaine
    Je fusse estropié de ce bras dont je boy ;
    Ne me conte donc plus qu'on meurt autant chez soy,
    A table, entre les...

  • Le temps ne bouge point et jamais ne repose,
    La vie instable fuit et ne chemine pas,
    Fortune escrime et bat sans remuer les bras,
    Le monde nous dépêche et n'en savons la cause.

    L'ami avec l'ami se trompe à lèvre close,
    La chair sans le sentir consomme nos ébats,
    Languissant sans secours le coeur chet au trépas,
    Et la nuit à nos yeux effroyable s'...

  • Nous n'entrons point d'un pas plus avant en la vie
    Que nous n'entrions d'un pas plus avant en la mort,
    Nostre vivre n'est rien qu'une eternelle mort,
    Et plus croissent nos jours, plus decroit nostre vie :

    Quiconque aura vescu la moitié de sa vie,
    Aura pareillement la moitié de sa mort,
    Comme non usitee on deteste la mort
    Et la mort est commune...

  • Phylis, je ne suis plus des rimeurs de ce siècle
    Qui font pour un sonnet dix jours de cul de plomb
    Et qui sont obligés d'en venir aux noms propres
    Quand il leur faut rimer ou sur coiffe ou sur poil.

    Je n'affecte jamais rime riche ni pauvre
    De peur d'être contraint de suer comme un porc,
    Et hais plus que la mort ceux dont l'âme est si faible
    Que d'...