• La neige a couvert tout entier
    Le sentier
    Qui mène à la maison d’Aline,
    Si long quand un seul le parcourt,
    Et si court
    Quand deux ensemble on y chemine.

    Que de fois je l’ai fréquenté...

  • A l’époque où le soin de surveiller sa terre
    Fait les loisirs d’Horace au magistrat austère,
    Quand le soleil tardif, en humeur de chômer,
    Délivre son permis de chasse au Sagittaire,
    Avec le droit — de s’enrhumer,

    J’y grimpais quelquefois par la Sente à la chèvre,
    ...

  • Comme un bourreau rusé qui tend à sa victime
    L’embûche d’un grief aux détours captieux,
    Je t’accuse, et je mets un art très-précieux
    A te prendre en défaut sur ta pensée intime.

    Défends-toi ! n’as-tu pas mainte arme légitime :
    Ta splendide beauté, les larmes de tes yeux,
    Et ces bras que tu tords en attestant les dieux,
    Et ces baisers qu’hier j’aurais...

  • Ta langue à tout jamais doit-elle être scellée,
    O sphinx ! Et contre toi n’est-il aucun recours ?
    Du point noir d’où je viens au but sombre où je cours
    Je sens ta force occulte à tous mes pas mêlée.

    Sous les traits d’une femme elle s’est révélée,
    L’obsession fatale aux réseaux doux et lourds,
    Cauchemar de mes nuits, délire de mes jours,
    Qui met enfer...

  • Quand la mort (notre heure est écrite)
    Clora ma lèvre et son secret,
    Ta chère main, d’un drap discret,
    Me couvrira, suivant le rite.

    Et je te vois, toute interdite,
    Contempler comment apparaît,
    Là-dessous, ce qu’on adorait.
    N’en fais rien, cette vue irrite !

    Tu songerais qu’aux jours passés,
    Dans l’ardeur des baisers pressés
    Je t’...

  • Naufragé converti, j’ai voué ma carène
    Au repos absolu ; je vous renonce, ô mers !
    Et vous, dangers aimés, traîtres cieux, bords pervers,
    Hurlements de Charybde, appels de la Syrène !

    Ainsi je me berçais sur la plage sereine,
    Lorsqu’un cri de détresse émeut soudain les airs,
    Et j’aperçois, roulant parmi les flots amers,
    Une pâle beauté dont la perte...

  • L’immensité t’écrase, — impasse
    Dont les sphères sont l’horizon ;
    Regarde à tes pieds, ô Raison !
    Les cieux sont hauts, ta vue est basse.

    Vois ! pour l’humble ciron qui passe,
    L’univers est fait d’un gazon ;
    Une heure écoule une saison ;
    Le point lui-même est un espace.

    De ces infiniment petits,
    Les impalpables sont sortis,
    Les...

  • L’aube est volcan ; midi, fournaise ; août fait éclore
    Comme un embrasement le baiser de l’été ;
    Il ruisselle des cieux, écrasante clarté ;
    L’horizon le déchaîne, orageux météore.

    Que faire par ce temps de chaleur qui dévore ?
    S’étendre au cours de l’eau dans un bois écarté,
    Tandis que sur le chêne, en dôme frais voûté,
    La cigale emplit l’air de sa...