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    Hibernas juvat exercere palestras.
    C. CALCAGNINUS.

    Déjà depuis deux jours la piquante froidure
    Enchaînait des ruisseaux la course et le murmure ;
    Et les troupeaux frileux, chassés par la saison,
    Semblaient avoir aux champs oublié leur toison :
    Il neigeait. Mélœnis, blanche fille de l’Onde,
    Au-dessus...

  • À Jean Richepin.

    Toi, tu dois les aimer, les grands ciels de septembre,
    Profonds, brûlants d'or vierge et trempés d'outremer.
    Où dans leurs cheveux roux les naïades d'Henner
    Tendent éperdument leur buste qui se cambre.

    La saveur d'un fruit mûr et la chaleur de l'ambre
    Vivent dans la souplesse et l'éclat de leur chair,
    Et le désir de mordre...

  • C'est un vallon sauvage abrité de l'Euxin ;
    Au-dessus de la Source un noir laurier se penche,
    Et la Nymphe, riant, suspendue à la branche,
    Frôle d'un pied craintif l'eau froide du bassin.

    Ses compagnes, d'un bond, à l'appel du buccin,
    Dans l'onde jaillissante où s'ébat leur chair blanche
    Plongent, et de l'écume émergent une hanche,
    De clairs cheveux, un...

  • A la fin tant d'amants dont les âmes blessées
    Languissent nuit et jour,
    Verront sur leur auteur leurs peines renversées,
    Et seront consolés aux dépens de l'Amour.

    Ce public ennemi, cette peste du monde,
    Que l'erreur des humains
    Fait le maître absolu de la terre et de l'onde,
    Se treuve à la merci de nos petites mains.

    Nous le vous amenons...

  • Pour M. Fouquet

    Remplissez l'air de cris en vos grottes profondes ;
    Pleurez, Nymphes de Vaux, faites croître vos ondes,
    Et que l'Anqueuil enflé ravage les trésors
    Dont les regards de Flore ont embelli ses bords
    On ne blâmera point vos larmes innocentes ;
    Vous pouvez donner cours à vos douleurs pressantes :
    Chacun attend de vous ce devoir généreux...

  • Que me fuis-tu ? Mille Nymphes me cherchent
    Les Muses m'ont apporté leurs presens,
    J'ay de Venus les verds myrtes plaisans,
    J'ay de Phebus les lauriers qui ne sechent.

    Cruelle, au moins si tels biens ne t'allechent,
    Si mon amour, si mes soucis pesans,
    Pren, pren pitié de ces miens jeunes ans,
    Qui comme l'herbe au soleil se dessechent.
    ...

  • Ne pense pas, Bouju, que les nymphes latines
    Pour couvrir leur traïson d'une humble privauté,
    Ni pour masquer leur teint d'une fausse beauté,
    Me fassent oublier nos nymphes angevines.

    L'angevine douceur, les paroles divines,
    L'habit qui ne tient rien de l'impudicité,
    La grâce, la jeunesse et la simplicité
    Me dégoûtent, Bouju, de ces vieilles...