• L'orageux crépuscule oppresse au loin la mer
    Et les noirs sapins. L'ombre, hélas ! revient toujours.
    Ah ! je hais les désirs, les espoirs, les amours,
    Autant que les damnés peuvent haïr l'enfer.

    Car je n'étais point né pour vivre : j'étais né
    Pour végéter, pareil à la mousse ou pareil
    Aux reptiles, et pour me gorger de soleil
    Sur un roc d'un midi sans...

  • à cause du souvenir de sa première chanson d'amour


    J'ai chanté comme Chérubin
    Pour les beaux yeux de ma marraine !
    Plus heureux qu'un page de reine
    En mon émoi de coquebin,

    N'espérant, ingénu bambin,
    Que d'être frôlé de sa traîne,
    J'ai chanté comme Chérubin
    Pour les beaux yeux de ma marraine.

    Plus noir que diacre ou rabbin,...

  • Bien qu'il ait l'âme sans rancune,
    Pierrot dit en serrant le poing :
    " Mais, sacrebleu, je n'ai nul point
    De ressemblance avec la lune !

    " Ô faux sosie aérien !
    Mon nez s'effile, elle est camuse ;
    Elle a l'air triste ! Je m'amuse
    De tout, un peu, beaucoup, de rien.

    " On la dit pâle ! Allons donc ! jaune !
    Moi seul suis blanc comme...

  • Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
    Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
    Force n'ai plus, substance ne liqueur,
    Quand je te vois retrait ainsi seulet
    Com pauvre chien tapi en reculet.
    - Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
    - Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
    - Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
    -...

  • Car, ou soit ly sains appostolles
    D'aubes vestuz, d'amys coeffez,
    Qui ne seint fors saintes estolles
    Dont par le col prent ly mauffez
    De mal talant tous eschauffez,
    Aussi bien meurt que filz servans,
    De ceste vie cy brassez :
    Autant en emporte ly vens.

    Voire, ou soit de Constantinobles
    L'emperieres au poing dorez,
    Ou de France le roy tres...

  • Mort, j'appelle de ta rigueur,
    Qui m'as ma maîtresse ravie,
    Et n'es pas encore assouvie
    Si tu ne me tiens en langueur :

    Onc puis n'eus force ni vigueur ;
    Mais que te nuisoit-elle en vie,
    Mort ?

    Deux étions et n'avions qu'un coeur ;
    S'il est mort, force est que dévie,
    Voire, ou que je vive sans vie
    Comme les images, par coeur,
    ...

  • En riagal, en arsenic rocher,
    En orpiment, en salpêtre et chaux vive,
    En plomb bouillant pour mieux les émorcher,
    En suif et poix détrempée de lessive
    Faite d'étrons et de pissat de juive,
    En lavailles de jambes à meseaux,
    En raclure de pieds et vieux houseaux,
    En sang d'aspic et drogues venimeuses,
    En fiel de loups, de renards et blaireaux,
    Soient...

  • Il n'est soin que quand on a faim
    Ne service que d'ennemi,
    Ne mâcher qu'un botel de fain,
    Ne fort guet que d'homme endormi,
    Ne clémence que félonie,
    N'assurance que de peureux,
    Ne foi que d'homme qui renie,
    Ne bien conseillé qu'amoureux.

    Il n'est engendrement qu'en boin
    Ne bon bruit que d'homme banni,
    Ne ris qu'après un coup de poing,...

  • " Beaux enfants, vous perdrez la plus
    Belle rose de vo chapeau ;
    Mes clercs près prenant comme glus,
    Se vous allez à Montpipeau
    Ou à Ruel, gardez la peau :
    Car, pour s'ébattre en ces deux lieux,
    Cuidant que vausît le rappeau,
    Le perdit Colin de Cayeux.

    " Ce n'est pas un jeu de trois mailles,
    Où va corps, et peut-être l'âme.
    Qui perd, rien...

  • Fausse beauté qui tant me coûte cher,
    Rude en effet, hypocrite douleur,
    Amour dure plus que fer à mâcher,
    Nommer que puis, de ma défaçon seur,
    Cherme félon, la mort d'un pauvre coeur,
    Orgueil mussé qui gens met au mourir,
    Yeux sans pitié, ne veut Droit de Rigueur,
    Sans empirer, un pauvre secourir ?

    Mieux m'eût valu avoir été sercher
    Ailleurs...