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    Je vis la Mort, je vis la Honte ; toutes deux
    Marchaient au crépuscule au fond du bois hideux.

    L’herbe informe était brune et d’un souffle agitée.

    Et sur un cheval mort la Mort était montée ;
    La Honte cheminait sur un cheval pourri.

    Des vagues oiseaux noirs on entendait le cri.

    Et la Honte me dit : — Je m’appelle la Joie.
    Je vais au bonheur...

  • I

    A L'ALLEMAGNE

    Aucune nation n'est plus grande que toi ;
    Jadis, toute la terre étant un lieu d'effroi,
    Parmi les peuples forts tu fus le peuple juste.
    Une tiare d'ombre est sur ton front auguste ;
    Et pourtant comme l'Inde, aux aspects fabuleux,
    Tu brilles ; ô pays des hommes aux yeux bleus,
    ...

  • XI

    Dès votre premier cri, Jeanne, vous excitiez
    Nos admirations autant que nos pitiés ;
    Vous naissiez ; vous aviez cette toute-puissance,
    La grâce ; vous étiez la crèche qu'on encense,
    L'humble marmot divin qui n'a point encor d'yeux,
    Et qu'une étoile vient chercher du haut des cieux ;
    Puis vous eûtes six jours, vous eûtes...

  • I

    Ma vie entre déjà dans l’ombre de la mort,
    Et je commence à voir le grand côté des choses.
    L’homme juste est plus beau, terrassé par le sort ;
    Et les soleils couchants sont des apothéoses.

    Brutus vaincu n’a rien dont s’étonne Caton ;
    Morus voit Thraséas et se laisse proscrire ;
    Socrate, qu’Anitus fait boire au Phlégéthon,...