• Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire
    Sait, à te voir parler et rougir et sourire,
    De quels hôtes divins le ciel est habité.
    La grâce, la candeur, la naïve innocence
    Ont, depuis ton enfance,
    De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté.

    Sur tes traits, où ton âme imprime sa noblesse,
    Elles ont su mêler aux roses de jeunesse
    Ces roses...

  • Ô jours de mon printemps, jours couronnés de rose,
    A votre fuite en vain un long regret s'oppose.
    Beaux jours, quoique, souvent obscurcis de mes pleurs,
    Vous dont j'ai su jouir même au sein des douleurs,
    Sur ma tête bientôt vos fleurs seront fanées ;
    Hélas ! bientôt le flux des rapides années
    Vous aura loin de moi fait voler sans retour.
    Oh ! si du...

  • Fragments


    Magellan, fils du Tage, et Drake et Bougainville
    Et l'Anglais dont Neptune aux plus lointains climats
    Reconnaissait la voile et respectait les pas.
    Le Cancer sous les feux de son brûlant tropique
    L'attire entre l'Asie et la vaste Amérique,
    En des ports où jadis il entra le premier.
    Là l'insulaire ardent, jadis hospitalier,
    L'...

  • " Apollon, dieu sauveur, dieu des savants mystères,
    Dieu de la vie, et dieu des plantes salutaires,
    Dieu vainqueur de Python, dieu jeune et triomphant,
    Prends pitié de mon fils, de mon unique enfant !
    Prends pitié de sa mère aux larmes condamnée,
    Qui ne vit que pour lui, qui meurt abandonnée,
    Qui n'a pas dû rester pour voir mourir son fils ;
    Dieu jeune, viens...

  • Quand la feuille en festons a couronné les bois,
    L'amoureux rossignol n'étouffe point sa voix.
    Il serait criminel aux yeux de la nature,
    Si, de ses dons heureux négligeant la culture,
    Sur son triste rameau, muet dans ses amours,
    Il laissait sans chanter expirer les beaux jours.
    Et toi, rebelle aux dons d'une si tendre mère,
    Dégoûté de poursuivre une...

  • Je sais, quand le midi leur fait désirer l'ombre,
    Entrer à pas muets sous le roc frais et sombre,
    D'où parmi le cresson et l'humide gravier
    La naïade se fraye un oblique sentier.
    Là j'épie à loisir la nymphe blanche et nue
    Sur un banc de gazon mollement étendue,
    Qui dort, et sur sa main, au murmure des eaux,
    Laisse tomber son front couronné de roseaux...

  • L'innocente victime, au terrestre séjour,
    N'a vu que le printemps qui lui donna le jour.
    Rien n'est resté de lui qu'un nom, un vain nuage,
    Un souvenir, un songe, une invisible image.
    Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
    Adieu, dans la maison d'où l'on ne revient pas.
    Nous ne te verrons plus, quand de moissons couverte
    La campagne d'été rend la...

  • Pourquoi, belle Chrysé, t'abandonnant aux voiles,
    T'éloigner de nos bords sur la foi des étoiles ?
    Dieux ! je t'ai vue en songe ; et, de terreur glacé,
    J'ai vu sur des écueils ton vaisseau fracassé,
    Ton corps flottant sur l'onde, et tes bras avec peine
    Cherchant à repousser la vague ionienne.
    Les filles de Nérée ont volé près de toi.
    Leur sein fut moins...

  • De Pange, ami chéri, jeune homme heureux et sage,
    Parle, de ce matin dis-moi quel est l'ouvrage ?
    Du vertueux bonheur montres-tu les chemins
    A ce frère naissant dont j'ai vu que tes mains
    Aiment à cultiver la charmante espérance ?
    Ou bien vas-tu cherchant dans l'ombre et le silence,
    Seul, quel encens le Gange aux flots religieux
    Vit les premiers humains...

  • Fille du vieux pasteur, qui d'une main agile
    Le soir emplis de lait trente vases d'argile,
    Crains la génisse pourpre, au farouche regard,
    Qui marche toujours seule, et qui paît à l'écart.
    Libre, elle lutte et fuit intraitable et rebelle.
    Tu ne presseras point sa féconde mamelle,
    A moins qu'avec adresse un de ses pieds lié
    Sous un cuir souple et lent ne...