• Salut, belle Amymone ; et salut, onde amère
    A qui je dois la belle à mes regards si chère.
    Assise dans sa barque, elle franchit les mers.
    Son écharpe à longs plis serpente dans les airs.
    Ainsi l'on vit Thétis flottant vers le Pénée,
    Conduite à son époux par le blond Hyménée,
    Fendre la plaine humide, et, se tenant au frein,
    Presser le dos glissant d'un agile...

  • Non, de tous les amants les regards, les soupirs
    Ne sont point des pièges perfides.
    Non, à tromper des coeurs délicats et timides
    Tous ne mettent point leurs plaisirs.
    Toujours la feinte mensongère
    Ne farde point de pleurs, vains enfants des désirs,
    Une insidieuse prière.

    Non, avec votre image, artifice et détour,
    Fanny, n'habitent point une...

  • Ô Muses, accourez ; solitaires divines,
    Amantes des ruisseaux, des grottes, des collines !
    Soit qu'en ses beaux vallons Nîme égare vos pas ;
    Soit que de doux pensers, en de riants climats,
    Vous retiennent aux bords de Loire ou de Garonne ;
    Soit que, parmi les choeurs de ces nymphes du Rhône,
    La lune, sur les prés où son flambeau vous luit,
    Dansantes,...

  • " L'épi naissant mûrit de la faux respecté ;
    Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été
    Boit les doux présents de l'aurore ;
    Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui,
    Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui,
    Je ne veux point mourir encore.

    Qu'un stoïque aux yeux secs vole embrasser la mort,
    Moi je pleure et j'espère ; au noir souffle...

  • Au sang de ses enfants, de vengeance égarée,
    Une mère plongea sa main dénaturée ;
    Et l'amour, l'amour seul avait conduit sa main.
    Mère, tu fus impie, et l'amour inhumain.
    Mère ! amour ! qui des deux eut plus de barbarie ?
    L'amour fut inhumain ; mère, tu fus impie.

    Plût aux dieux que la Thrace aux rameurs de
    Jason Eût fermé le Bosphore, orageuse...

  • Étranger, ce taureau qu'au sein des mers profondes
    D'un pied léger et sûr tu vois fendre les ondes,
    Est le seul que jamais Amphitrite ait porté.
    Il nage aux bords crétois. Une jeune beauté
    Dont le vent fait voler l'écharpe obéissante
    Sur ses flancs est assise, et d'une main tremblante
    Tient sa corne d'ivoire, et, les pleurs dans les yeux,
    Appelle ses...

  • " Fuis, ne me livre point. Pars avant son retour ;
    " Lève-toi ; pars, adieu ; qu'il n'entre, et que ta vue
    " Ne cause un grand malheur, et je serais perdue !
    " Tiens, regarde, adieu, pars : ne vois-tu pas le jour ? "

    Nous aimions sa naïve et riante folie,
    Quand soudain, se levant, un sage d'Italie,
    Maigre, pâle, pensif, qui n'avait point parlé,
    Pieds...

  • Souvent le malheureux songe à quitter la vie ;
    L'espérance crédule à vivre le convie.
    Le soldat sous la tente espère, avec la paix,
    Le repos, les chansons, les danses, les banquets.
    Gémissant sur le soc, le laboureur d'avance
    Voit ses guérets chargés d'une heureuse abondance.
    Moi, l'espérance amie est bien loin de mon coeur.
    Tout se couvre à mes yeux d'...

  • Ainsi le jeune amant, seul, loin de ses délices,
    S'assied sous un mélèze au bord des précipices,
    Et là, revoit la lettre où, dans un doux ennui,
    Sa belle amante pleure et ne vit que pour lui.
    Il savoure à loisir ces lignes qu'il dévore ;
    Il les lit, les relit et les relit encore,
    Baise la feuille aimée et la porte à son coeur.
    Tout à coup de ses doigts...

  • Mai de moins de roses, l'automne
    De moins de pampres se couronne,
    Moins d'épis flottent en moissons,
    Que sur mes lèvres, sur ma lyre,
    Fanny, tes regards, ton sourire,
    Ne font éclore de chansons.

    Les secrets pensers de mon âme
    Sortent en paroles de flamme,
    A ton nom doucement émus :
    Ainsi la nacre industrieuse
    Jette sa perle...