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    Je suis né pour l'amour, j'ai connu ses travaux,
    Mais, certes, sans mesure il m'accable de maux
    A porter ce revers mon âme est impuissante.
    Eh quoi ! beauté divine, incomparable amante,
    Je vous perds ! Quoi, par vous nos liens sont rompus,
    Vous le voulez ; adieu, vous ne me verrez plus :
    Du besoin de tromper ma fuite vous délivre.
    Je vais loin...

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    I

    Reprends ta robe d’or, ceins ton riche bandeau,
    Jeune et divine poésie :
    Quoique ces temps d’orage éclipsent, ton flambeau,
    Aux lèvres de David, roi du savant pinceau,
    Porte la coupe d’ambroisie.
    La patrie, à son art indiquant nos beaux jours,
    A confirmé mes antiques discours :
    Quand je lui répétais que la liberté mâle
    Des arts...

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    Vierge au visage blanc, la jeune Poésie
    En silence attendue au banquet d'ambroisie
    Vint sur un siège d'or s'asseoir avec les Dieux,
    Des fureurs des Titans enfin victorieux.
    La bandelette auguste, au front de cette reine,
    Pressait les flots errants de ses cheveux d'ébène ;
    La ceinture de pourpre ornait son jeune sein.
    L'amiante et la soie, en un...

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    LE CHEVRIER.
    Berger, quel es-tu donc ? qui t'agite ? et quels dieux
    De noirs cheveux épars enveloppent tes yeux ?

    LE BERGER.
    Blond pasteur de chevreaux, oui tu veux me l'apprendre :
    Oui, ton front est plus beau, ton regard est plus tendre.

    LE CHEVRIER.
    Quoi ! tu sors de ces monts où tu n'as vu que toi,
    Et qu'on n'approche point sans...

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    C’était quand le printemps a reverdi les prés.
    La fille de Lycus, vierge aux cheveux dorés,
    Sous les monts Achéens, non loin de Cérynée,
    . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . .
    Errait à l’ombre, aux bords du faible et pur Crathis,
    Car les eaux du Crathis, sous des berceaux de frêne,
    Entouraient de Lycus le fertile domaine....

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    Mes chants savent tout peindre ; accours, viens les entendre.
    Ma voix plaît, Astérie, elle est flexible et tendre.
    Philomèle, les bois, les eaux, les pampres verts,
    Les muses, le printemps, habitent dans mes vers.
    Le baiser dans mes vers étincelle et respire.
    La source aux pieds d'argent qui m'arrête et m'inspire
    Y roule en murmurant son flot léger...

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    CHLOÉ.

    Fleurs, bocage sonore, et mobiles roseaux
    Où murmure zéphyr au murmure des eaux,
    Parlez ; le beau Mnazile est-il sous vos ombrages ?
    Il visite souvent vos paisibles rivages.
    Souvent j'écoute, et l'air qui gémit dans vos bois
    A mon oreille au loin vient apporter sa voix.

    MNAZILE.

    Onde, mère des fleurs, naïade transparente
    ...

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    I

    Ô jeune adolescent, tu rougis devant moi.
    Vois mes traits sans couleur ; ils pâlissent pour toi :
    C'est ton front virginal, ta grâce, ta décence.
    Viens ; il est d'autres jeux que les jeux de l'enfance.
    Ô jeune adolescent, viens savoir que mon cœur
    N'a pu de ton visage oublier la douceur.
    Bel enfant, sur ton front la volupté réside ;
    ...

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    Ô nécessité dure ! ô pesant esclavage !
    Ô sort ! je dois donc voir, et dans mon plus bel âge,
    Flotter mes jours, tissus de désirs et de pleurs,
    Dans ce flux et reflux d’espoir et de douleurs !
    Souvent, las d’être esclave et de boire la lie
    De ce calice amer que l’on nomme la vie,
    Las du mépris des sots qui suit la pauvreté,
    Je regarde la tombe...

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    DAPHNIS.
    Hélène daigna suivre un berger ravisseur
    Berger comme Pâris, j'embrasse mon Hélène.

    NAÏS.
    C'est trop t'enorgueillir d'une faveur si vaine.

    DAPHNIS.
    Ah ! ces baisers si vains ne sont pas sans douceur.

    NAÏS.
    Tiens ; ma bouche essuyée en a perdu la trace.

    DAPHNIS.
    Eh bien ! d'autres baisers en vont prendre la place...