• Dieu te gard donc, mon petit fils René !
    Adieu mon fils aussitôt mort que né!
    Dieu gard mon fils venant sur terre ronde !
    Adieu mon fils départant de ce monde !
    Tu n'as encor le lait bien savouré,
    Tu n'as encor le tien pere honoré,
    Tu ne connois ni peines ni liesses,
    Et loin de nous, tu t'en vas et nous laisses.
    Tu n'as encore une seule semaine,
    ...

  • J'ai voyagé par les trois parts du monde,
    J'ai vu la mer d'où lève le soleil,
    Et j'ai vu l'onde où l'attend le sommeil,
    Et mille biens dont les hautes louanges
    Font ébahir les nations étranges,
    Les y tirant par un désir de voir
    Qui des pays la grandeur veut savoir.
    J'ai enduré mainte dure fortune
    Dessus les flots, royaume de Neptune;
    J'ai enduré...

  • ... Ah ! fille sans amour, ou du moins sans constance,
    Pourquoy paissant mon coeur d'une vaine espérance,
    Me juras-tu jamais que mon feu te plaisoit,
    Et qu'un mesme desir ta poitrine embrasoit ?
    Pourquoy soufflant l'ardeur de ma flamme insensée
    M'asseuras-tu jamais que j'estois ta pensée :
    Et que ta seule amour bruslant trop vivement
    Ne nous permettoit point...

  • Comme alors que le jour c'est caché sous la terre,
    Le soucy plus ouvert se referme et reserre,
    Dedaigneux de laisser regarder à son oeil
    D'autres flammes au Ciel que celles du Soleil :
    Ainsi quand les malheurs qui traversent ma vie
    M'ont de vostre bel oeil la presence ravie,
    Le mien se fermeroit, dolent de ne voir rien
    Qui ne semble exprimer la perte de son...

  • Peins-moi, Janet, peins-moi, je te supplie
    Dans ce tableau les beautés de m'amie
    De la façon que je te les dirai.
    Comme importun je ne te supplierai
    D'un art menteur quelque faveur lui faire :
    Il suffit bien si tu la sais portraire
    Ainsi qu'elle est, sans vouloir déguiser
    Son naturel pour la favoriser,
    Car la faveur n'est bonne que pour celles
    Qui...

  • ... Adieu, mon cher Ronsard ; l'abeille est votre tombe
    Fasse toujours son miel ;
    Que le baume arabic à tout jamais y tombe,
    Et la manne du ciel.
    Le laurier y verdisse avecque le lierre
    Et le mirthe amoureux ;
    Riche en mille boutons, de toutes parts l'enserre
    Le rosier odoreux,
    Le tin, le basilic, la franche marguerite,
    Et notre lis françois
    ...