• Verger cher à mon coeur, séjour de l'innocence,
    Honneur des plus beaux jours que le ciel me dispense.
    Solitude charmante, Asile de la paix ;
    Puissé-je, heureux verger, ne vous quitter jamais.

    Ô jours délicieux coulés sous vos ombrages !
    De Philomèle en pleurs les languissants ramages,
    D'un ruisseau fugitif le murmure flatteur,
    Excitent dans mon...

  • Loin des bords trop fleuris de Gnide et de Paphos,
    Effrayé d'un bonheur ennemi du repos,
    J'allais, nouveau pasteur, aux champs de Syracuse
    Invoquer dans mes vers la nymphe d'Aréthuse,
    Lorsque Vénus, du haut des célestes lambris,
    Sans armes, sans carquois, vint m'amener son fils.
    Tous deux ils souriaient : " Tiens, berger, me dit-elle,
    Je te laisse mon fils,...

  • Au chevalier de Pange.


    Le navire éloquent, fils des bois du Pénée,
    Qui portait à Colchos la Grèce fortunée,
    Craignant près de l'Euxin les menaces du Nord,
    S'arrête, et se confie au doux calme d'un port.
    Aux regards des héros le rivage est tranquille ;
    Ils descendent. Hylas prend un vase d'argile,
    Et va, pour leurs banquets sur l'herbe...

  • Nouveau cultivateur, armé d'un aiguillon,
    L'Amour guide le soc et trace le sillon ;
    Il presse sous le joug les taureaux qu'il enchaîne.
    Son bras porte le grain qu'il sème dans la plaine.
    Levant le front, il crie au monarque des dieux :
    " Toi, mûris mes moissons, de peur que loin des cieux
    Au joug d'Europe encor ma vengeance puissante
    Ne te fasse courber ta...

  • Oeta, mont ennobli par cette nuit ardente,
    Quand l'infidèle époux d'une épouse imprudente
    Reçut de son amour un présent trop jaloux,
    Victime du centaure immolé par ses coups.
    Il brise tes forêts : ta cime épaisse et sombre
    En un bûcher immense amoncelle sans nombre
    Les sapins résineux que son bras a ployés.
    Il y porte la flamme ; il monte, sous ses...

  • Qu'il est doux, au retour de la froide saison,
    Jusqu'au printemps nouveau regagnant la maison,
    De la voir devant vous accourir au passage,
    Ses cheveux en désordre épars sur son visage !
    Son oreille de loin a reconnu vos pas :
    Elle vole, et s'écrie, et tombe dans vos bras ;
    Et sur vous appuyée et respirant à peine,
    A son foyer secret loin des yeux vous...

  • Quoi ! tandis que partout, ou sincères ou feintes,
    Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
    Consacrent leur Marat parmi les immortels,
    Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
    Des fanges du Parnasse un impudent reptile
    Vomit un hymne infâme au pied de ses autels ;

    La vérité se tait ! Dans sa bouche glacée,
    Des liens de la peur sa...

  • Fille de Pandion, ô jeune Athénienne,
    La cigale est ta proie, hirondelle inhumaine,
    Et nourrit tes petits qui, débiles encor,
    Nus, tremblants, dans les airs n'osent prendre l'essor.
    Tu voles ; comme toi la cigale a des ailes.
    Tu chantes ; elle chante. A vos chansons fidèles
    Le moissonneur s'égaye, et l'automne orageux
    En des climats lointains vous chasse...

  • Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre
    Anime la fin d'un beau jour,
    Au pied de l'échafaud j'essaye encor ma lyre.
    Peut-être est-ce bientôt mon tour ;
    Peut-être avant que l'heure en cercle promenée
    Ait posé sur l'émail brillant,
    Dans les soixante pas où sa route est bornée,
    Son pied sonore et vigilant,
    Le sommeil du tombeau pressera ma...

  • Bergers, vous dont ici la chèvre vagabonde,
    La brebis se traînant sous sa laine féconde,
    Au front de la colline accompagnent les pas,
    A la jeune Mnaïs rendez, rendez, hélas !
    Par Cybèle et Cérès et sa fille adorée,
    Une grâce légère, une grâce sacrée.
    Naguère auprès de vous elle avait son berceau,
    Et sa vingtième année a trouvé le tombeau.
    Que vos...